Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Anastasia]

Anastasia suivit la messe tout en pensant à autre chose, elle espérait que Maria Karla allait se dépêcher et revenir avant que l'on remarque son absence.

[Maria-Karla]

Être près d'Adrien rassurait Maria-Karla, mais son insistance sur cette visite la rendait dubitative. De quoi parlait-il ?
"Venir te voir ? Physiquement ? Mais ... non ! Je ne suis pas rentrée à la maison depuis mon entrée au couvent. Et tu sais aussi bien que moi comme c'est difficile de quitter les rangs sans se faire remarquer ici ..."
Qu'est-ce que ça signifie ? Est-ce que les soeurs et leur colonne de lumière y sont pour quelque chose ? Non contentes de me piéger au couvent, elles feraient semblant de me renvoyer chez moi pour éviter les soupçons ?
"Adrien, dis-moi, qu'est-ce que "j'ai fait" pendant cette visite ?"

[Le créateur]

Le visage d'Adrien se décomposait en entendant parler Maria-Karla.

- Tu... Tu es venue me voir, m'expliquant que tu souffrais et que l'on n'allait peut-être plus nous revoir. Je t'ai demandé si je pouvais t'aider et tu as accepté. A ce moment, je devais déjà être un peu fiévreux parce que j'ai perdu connaissance. A mon réveil, tu étais déjà partie. S'en est suivie une période de convalescence, et chaque soir tu venais me rendre visite à mon chevet pour me rassurer. J'étais en plein délire, alors je ne savais pas si c'était vraiment toi, ou juste mon imagination.

Adrien humecta ses lèvres d'un rapide coup de langue, signe que son débit de parole était plus important qu'à son habitude.

- Une fois que j'allais mieux, tu as continué à me rendre visite. On ne se disait pas grand chose, mais on pouvait passer quelques minutes ensemble et ça me suffisait. J... Je crois que j'avais trop envie que ce soit vrai pour douter que ce soit toi...

Il baissa la tête, une expression de désolation sur le visage.

- Pardonne-moi...

(HRP : désolé Kadnax, Anastasia est un peu en retrait, là)

[Maria-Karla]

(On aurait peut-être dû le faire dans mon forum privé, mais Anastasia aurait été encore plus en retrait ... Ah, si seulement on avait d'autres joueurs ...)
Les paroles d'Adrien rassurèrent Maria-Karla. Ce n'était pas un piège des sœurs, c'était bien ce qu'elle avait ressenti elle-même. Même si elle ne savait toujours pas comment c'était possible, elle était heureuse qu'un lien aussi fort, par-delà les distances qui les séparaient, puisse se tisser entre eux. Elle en aurait presque remercié les sœurs, et même la colonne de lumière, si elle ne s'en méfiait pas autant.
"Pourquoi veux-tu que je te pardonne ? Tu n'as rien fait de mal ... Je comprends mieux maintenant ... enfin, si on veut ... Moi aussi, j'ai senti plusieurs fois, surtout il y a peu de temps, que tu étais près de moi. Je me disais à chaque fois que tu ne pouvais pas être là, mais à un moment, j'ai senti ta présence comme si tu étais réellement près de moi ... Je n'arrivais pas à croire que c'était possible, et encore moins que tu pouvais toi aussi le sentir ... Il fallait vraiment que je l'entende de ta bouche pour y croire. Je ne sais pas ce qui se passe, mais ce médaillon semble créer un lien entre nous, un lien qui nous permet de ressentir notre présence par-delà l'espace ..."
Elle toucha doucement le visage d'Adrien pour lui faire relever la tête.
"Je ne sais pas quel est ce mystérieux lien entre nous, et je ne suis pas sûre de vouloir le savoir. Mais surtout, je ne veux pas qu'il se brise ..."

[Anastasia]

Anastasia prie pour son amie et surtout pour qu'elle revienne vite sans encombre.
Elle jette des coups d'oeils vers la porte en essayant d'être discrète.



HRP: pas de problème, je me repose.

[Le créateur]

Adrien enlaça Maria-Karla, serrant fort contre lui la jeune adolescente.

- Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'on ne le perde jamais. Tu es la personne la plus chère que j'ai ici-bas...

Il déposa délicatement un baiser sur le front de la jeune fille puis relâcha son étreinte. Alors qu'il relâchait ses bras, ses mains effleurèrent celles de Maria-Karla qui ressentit soudain un frisson. Il se recula d'un pas et remit sa capuche.

- Je rêverai de pouvoir faire durer ce moment toute une éternité, mais je ne dois soulever les soupçons de ta tante. Elle pense déjà que je suis toujours délirant depuis ma convalescence, je ne veux pas lui donner une raison supplémentaire de s'inquiéter.

[Maria-Karla]

"Attends !..."
Un peu déçue par l'étreinte trop brève d'Adrien, Maria-Karla revint brusquement à la réalité.
"Je sais que tu en as déjà fait beaucoup aujourd'hui, mais ... peux-tu me rendre un dernier service ?"
Elle sortit la lettre de sa poche.
"Une amie a écrit cette lettre pour un de ses proches. Elle tient à ce que cette lettre échappe à la surveillance des sœurs. Toi et moi pouvons comprendre ça mieux que personne, n'est-ce pas ? Je cherchais un moyen de fausser compagnie au cortège pour aller la poster, mais tu y arriveras bien mieux que moi. Pourrais-tu faire ça pour moi ?"

[Le créateur]

Adrien se saisît de la lettre en souriant.

- en effet, nous sommes certainement les deux plus aptes à comprendre que quelqu'un veuille échapper à la surveillance des sœurs. Ca sera fait, sois-en sûre. Prends bien soin de toi surtout...

Il resta quelques instants à admirer Maria-Karla puis s'enfuit par la petite porte du fond de la pièce. Maria-Karla se retrouva seule, dans cette petite salle qui lui semblait soudainement trop grande, et trop vide. Derrière elle, par la porte entrebâillée, elle pouvait à nouveau entendre les sons de la messe, comme si son attention venait d'être libérée et lui rappelait que le reste du monde existait toujours.

[Maria-Karla]

Quand Maria-Karla vit Adrien sortir de la pièce, elle crut sentir son coeur se briser. Cela avait duré si peu de temps à ses yeux ... Avant de le voir, elle ne s'était pas rendu compte à quel point son ancienne vie lui manquait. Lire en cachette dans sa chambre, se promener en riant dans le jardin sans craindre qu'on la punisse pour indiscipline, jouer avec Adrien et l'écouter chanter ... L'une de ses chansons, une des plus tristes, lui revint douloureusement en mémoire alors qu'il disparaissait par la petite porte.
Comment peux-tu ainsi t'éloigner de moi
Et je ne peux rien faire que te regarder partir,
Alors que nous avons partagé nos rires et nos douleurs
Et même partagé nos larmes ?
Tu es le seul au monde qui me connaisse vraiment ...
Mais elle gardait l'espoir : elle savait désormais que grâce à son médaillon, même si elle ignorait toujours comment, elle pouvait réellement communiquer avec Adrien. Peut-être que comme pour les sorts, maintenant qu'elle le savait, elle allait être encore plus efficace, et ils n'auraient plus l'impression d'être séparés. Et la lettre de Maria-Theresa était entre de bonnes mains. Elle s'en voulait un peu de ne pas avoir dit toute la vérité, mais au fond, ce qu'elle avait dit n'était pas loin de la vérité.
Le problème, à présent, était de regagner les rangs de la messe sans se faire voir. Elle se glissa derrière la porte et essaya d'écouter en regardant discrètement, attendant une nouvelle prière solennelle où tout le monde fermerait les yeux.

[Le créateur]

Maria-Karla se rapprocha de la porte et y jeta un rapide coup d'oeil. Bien que l'assemblée fixait avec ferveur l'autel, il était évident que les personnes les plus proches de la porte allaient la voir venir.

Le temps passait et Maria-Karla sentait qu'il allait lui être impossible de sortir de sa cachette. Anastasia put apercevoir d'un rapide coup d'oeil sa camarade hésitante, mais craignant de la trahir, préféra se reconcentrer sur la cérémonie.

Finalement, pendant la prière de la bénédiction, tout le monde se mît à baisser à nouveau la tête pour réciter son latin.

[Maria-Karla]

Voyant tout le monde les yeux ouverts, Maria-Karla commença à craindre de ne pas pouvoir sortir aussi facilement qu'elle était entrée.
Dire que je connais des sorts, et pas un pour me rendre invisible ... Pourtant, ça m'aurait été bien utile cette fois-ci ...
Elle se signa rapidement à cette pensée, se souvenant qu'elle était dans une église, une vraie. Elle décida de s'armer de patience, et qu'au pire, elle rejoindrait les rangs quand tout le monde se lèverait et se rassemblerait, en profitant de la foule.
Mais elle sentit dans la prière de bénédiction une occasion de revenir discrètement. D'un pas léger et en rasant les murs comme à l'aller, elle sortit de sa cachette et reprit sa place sur le banc en essayant de se faire toute petite.

[Anastasia]

Anastasia vit son amie revenir discrètement vers le banc. Son coeur se mit à battre, elle regarda furtivement autour d'elle et craignit qu'on remarque la manoeuvre de maria Karla. Elle était certaine que quelqu'un allait la remarquer. Elle prit alors sur elle de se faire remarquer afin d'éloigner l'attention sur sa camarade. Avant que Maria Karla n'ai repri sa place, elle porta sa main à la bouche et en profita pour mettre ses doigts tout au fond de la bouche pour se faire vomir; Elle s'avança alors dans l'allée centrale en criant et feignit un malaise tout en rendant le déjeuner sur le sol avant de s'éffondrer en gémissant (en évitant subtilement de se vautrer dans son propre vomi) . Puis elle ne bougea plus du tout.
- Maria Karla, je fais ça pour toi pensa t'elle, je vais m'attirer touters les foudres de l'univers y compris celle du seigneur, mais je ne veux pas que tu puisses être prise.
Elle ferma les yeux, ne bougea plus, relacha tous ses muscles pour n'être plus qu'un poids mort pour qui tenterait de la soulever et ne pensa plus à rien en espérant seulement avoir suffisamment attiré l'attention pour que Maria Karla revienne sans être vue.

[Le créateur]

Si le retour de Maria-Karla pouvait encore être discret, ce n'était pas le cas de l'intervention d'Anastasia. Alors qu'elle tomba inerte sur la dalle froide et humide, plusieurs personnes se levèrent. Quelques murmures commencèrent à se répandre dans la salle alors que quelques soeurs (les mêmes qui se retournaient régulièrement) vinrent s'occuper d'Anastasia. Elle se mirent à trois pour porter la jeune fille et l'emmener dans une pièce à l'arrière.

Maria-Karla pouvait les voir disparaître au fond de la nef quand l'évêque en appela à l'ordre et à la révérence. Un murmure continua à survoler l'assemblée quelques minutes, puis le calme revint et la cérémonie put se terminer dans le calme.

Dans la pièce, retirées des regards indiscrets, les trois soeurs posèrent Anastasia sur ce qui lui semblait être une table. L'une d'elles passa les mains sur les yeux de l'adolescente. Anastasia put ressentir comme un picotement sur les paupières et une présence s'insinuant dans ses pensées.
Avec certitude, mais sans savoir pourquoi, elle sentait la conscience de la soeur explorer la sienne. La soeur arpentait les moindres recoins de son âme en quête de quelque chose. L'image qui vint à l'esprit d'Anastasia représentait la soeur courant dans un labyrinthe de ronces de plusieurs hectares alors qu'elle-même se tenait tranquillement dans sa chambre au plus haut de sa tour, admirant le vain combat de l'intruse : un mélange de satisfaction et de pitié. Comment la soeur pouvait-elle imaginer s'introduire aussi facilement dans les pensées d'une personne aussi bien préparée ?

-Si c'est elle, je crois qu'on n'a plus à s'inquiéter... Elle est dans le coma...

Les mots de la soeur sortirent Anastasia de sa rêverie, lui rappelant qu'elle était encore à l'église et entourée de soeurs.

-Quelqu'un s'est occupé d'elle ?
-Pas que je sache, pourtant, j'ai la preuve du contraire devant moi.
-Il faudra tirer cela au clair... On est censées agir en accord, pas chacune de son côté...

[Maria-Karla]

Maria-Karla était presque revenue à sa place quand elle vit Anastasia montrer des signes d'étouffement, puis s'écrouler.
Oh non, Anastasia ... Qu'est-ce qui se passe maintenant ?...
L'avantage était que les paroissiens faisaient attention au malaise d'Anastasia et pas du tout à sa propre escapade. Mais voir sa camarade dans cet état n'était pas rassurant du tout. Elle avait cru être à l'abri des mauvais sorts hors du dôme mystérieux du couvent, mais apparemment, ce n'était pas le cas. Même dans la maison de Dieu, elles n'étaient pas à l'abri.
Elle vit les trois religieuses emporter Anastasia au fond de la nef et mourait d'envie de les suivre, mais les appels au calme de l'évêque attiraient à nouveau l'attention de tout le monde, et après son échappée, il valait mieux rester discrète jusqu'à la fin de la cérémonie. Elle tenta donc de se concentrer sur les dernières prières tout en scrutant du coin de l'œil ses voisines immédiates.

[Anastasia]

Anastasia fut d'abord satisfaite de voir que son plan marchait: l'attention s'était porté sur elle et maria Karla avait pu revenir sans être vue. Mais lorsque les soeurs l'emportèrent et que l'une d'elle se mit à la sonder, elle s'inquietta à nouveau; Mais quand elle sentit qu'elle n'arriverait pas à percer son esprit elle se sentit soulagée. Elle resta allongée sans bouger afin d'écouter ce que disaient les soeurs.