Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Le créateur]

Sophia hoche la tête pour faire comprendre à Maria-Karla qu'elle est d'accord pour s'occuper de ramener les deux filles en cuisine. Elle quitte de suite la pièce et revient quelques secondes plus tard avec Frauke et Martina qui n'ont pas l'air particulièrement satisfaites de leur sort.

Alexandra secoue les épaules et passe donc aux choux dont elle arrache les feuilles avec très peu de délicatesse.

Anastasia parcourt rapidement le cellier du regard pour réaliser qu'il n'y a aucun fromage et se heurte au même problème que sa camarade quand elle se retrouve dans la cave sans lumière. Dans la pénombre, sa vue complètement éteinte, ses autres sens se mettent en alerte au point qu'il lui semble pouvoir encore sentir dans sa paume droite, la poignée de son sabre. Cela lui rappelle les jours qu'elle avait passés à s'entraîner et à la fin desquels elle avait encore l'impression de tenir son sabre en main, même quand elle se couchait pour s'endormir.

[Maria-Karla]

Maria-Karla se tourna vers Martina et Frauke.
"Merci pour les couverts. Mais maintenant, il faut qu'on s'y mette toutes pour finir de préparer les légumes, si on veut terminer à temps. Tenez, commencez par les choux, c'est là qu'il reste le plus à faire. Ils sont lavés." Et elle insista particulièrement sur cette dernière phrase, comme pour faire comprendre aux deux filles le ridicule de leur obsession de "garder les mains propres".
Sans prêter particulièrement attention à leur éventuelle réaction, elle s'attaqua aux navets, en essayant d'éplucher ceux qui restaient à éplucher, mais aussi de "rattraper" les erreurs d'Alexandra, en grattant les épluchures les plus épaisses pour récupérer un peu de chair ...

[Anastasia]

Une fois dans la cave, Anastasia ressentit une fois de plus cette étrange sensation. Elle ferma et ouvrit plusieurs fois les mains, essayant de se rappeler où et quand elle avait déjà ressentit celà.
Puis, elle tendit le bras devant elle, se concentra, pensa à son sabre et fit à nouveau quelques mouvements. Elle savait que celà ne lui permettrait pas de trouver du fromage plus rapidement mais ce qu'elle ressentait était trop fort pour qu'elle l'ignore.

[Le créateur]

La cuisine commençait à fourmiller d'activité et Frauke se contenta d'un léger soupir en guise de réponse à la réflexion de Maria-Karla. Pourtant, la lenteur avec laquelle elle découpait ses choux indiquait clairement qu'elle ne souhaitait pas laisser le dernier mot à sa "rivale".

Dans la cave, alors qu'elle fermait et rouvrait la main successivement, Anastasia pouvait observer des flash lumineux à chacun de ses mouvements. Au moment où elle effectue son mouvement de taille, son sabre apparaît soudainement dans sa main. La lame était violemment lumineuse, comme si le métal avait été porté à température de fusion, pourtant, elle restait bien rigide. A la lueur de cette roche un peu originale, la jeune fille pouvait voir se dessiner les murs autour d'elle et un couloir en face sur lequel donnait différentes portes. Peut-être l'une d'entre elles contenait du fromage.

[kadnax]

Anastasia était émerveillée par les lumières produites par son sabre. Pourtant, elle aurait dû être effrayée parce qu'il lui arrivait: c'était surement de la sorcellerie, mais elle ne ressentait aucune crainte, bien au contraire. Elle regarda tout autour d'elle afin d'être sure d'^tre seule. Elle aperçut alors les portes et s'apporcha d'elles afin de se mettre en quête d'un fromage. La situation la fit sourire: elle venait de découvrir une chose extraordinaire qu'elle n'arrivait pas encore à comprendre, et pourtant, la première chose qu'elle essayait de faire après une telle découverte était de trouver un fromage. Sa découverte l'avait rendue de très bonne humeur. Elle ne ressentait aucune crainte, et c'est avec l'envie d'éclater de rire qu'elle ouvrit la première porte. Elle bougea sa main afin de faire scintiller les lumières émises par le sabre: on ne sait jamais, c'était la première fois qu'elle affrontait un fromage.

[Maria-Karla]

Maria-Karla se remit aux légumes. Ce n'était pas en accordant encore de l'attention à Frauke qu'elle allait avancer.
Au fond, elle regrettait d'en arriver là. Se mettre quelqu'un à dos ne faisait pas partie de ses intentions et elle aurait préféré l'éviter. Mais il fallait dire aussi que Frauke l'avait cherché, en se montrant dès le départ désagréable et en étalant ses grands airs, comme si elle était trop bien pour les fréquenter.
Peut-être que le meilleur moyen de lui rabattre son caquet était de l'ignorer. Maria-Karla se jura de ne plus adresser la parole à Frauke sinon en cas de nécessité absolue, et si possible de bannir son nom de son vocabulaire.
Elle se concentra donc sur la seule chose qui avait de l'importance, c'est-à-dire les légumes, en vérifiant que les autres filles n'avaient pas de problème. Si l'une d'entre elles n'avait plus rien à faire, elle lui désignerait discrètement les choux du doigt ; ainsi, la lenteur de Frauke ne pénaliserait personne et ne ridiculiserait qu'elle-même ...

[Le créateur]

D'un côté comme de l'autre, Anastasia ne pouvait voir personne dans la cave. Derrière la première porte qu'elle avait ouverte, elle était tombée sur une sorte de cave à vins. De nombreux tonneaux étaient couchés les uns sur les autres le long du mur de gauche. En face, environ sept pas plus loin, une autre porte devait donner sur une autre pièce, mais Anastasia avait préféré fouiller d'abord près de la sortie pour éviter de s'éloigner trop pour l'instant. Et elle avait eu raison, car derrière la seconde porte qu'elle avait ouverte, elle était tombée sur une pièce comprenant des étagères. Sur ces dernières, elle avait trouvé des sortes de fioles comprenant différents liquides ainsi qu'un quinzaine de demi-meules de fromage. A la lueur du sabre, il semblait à point et bien que trop lourdes pour être portées d'une main par la jeune fille, il suffirait de couper ces portions en deux pour pouvoir garnir le gratin pour tout le couvent.

Apparemment, Frauke s'en tenait uniquement à de la mauvaise volonté. Elle ne réagît pas plus et c'est Sophia qui vint bientôt l'aider pour découper les choux. Le silence en devenait presque pesant car seuls bruits de couteaux sur les planches à découper animaient la cuisine.

(HRP : je ne développe pas plus l'action de la cuisine pour éviter de créer une distorsion temporelle entre les deux pensionnaires, désolé Milena)

[Anastasia]

Anastasia nota l'autre porte puis de son sabre coupa la portion dont elle avait besoin avant de l'emporter.
- Vraiment pratique murmura t'elle en revenant vers la cuisine. Elle marqua un temps d'hésitation puis revint sur ses pas: sa curiosité la poussait à aller ouvrir la porte située sept pas plus loin.

[Maria-Karla]

(HRP : tant pis, on va meubler le temps ...)
Maria-Karla commençait à trouver un peu lourde l'ambiance qui régnait dans la cuisine, ce silence seulement martelé par le bruit des couteaux. Afin de se détendre, de ne pas trop penser au retard d'Anastasia et à la chose extraordinaire que celle-ci affirmait avoir découverte, et pour chasser définitivement les caprices de Frauke de son esprit, elle se mit à fredonner à mi-voix une chanson en français qu'Adrien lui avait autrefois apprise pour l'amuser :
"Les carottes ça a des poils
Les radis ça a des poils
Les betteraves des longs comme ça
Les tomates ça n'en a pas ..."

(bien entendu, on est au 18e siècle, époque où une jeune fille bien élevée de la noblesse ou de la bourgeoisie n'a jamais vu le loup ni n'est même au courant de comment on fait les bébés, Maria-Karla et ses camarades ne sont donc pas censées comprendre le double sens égrillard de cette chanson, c'est juste une chanson rigolote sur les légumes ... Il faut voir aussi combien d'entre elles connaissent assez de mots de français pour seulement savoir ce que Maria-Karla chante.)

[Le créateur]

Le fromage se découpa de façon nette et sans le moindre effort, une chose assez surprenante pour un objet aussi visqueux et aussi épais. Derrière la fameuse seconde porte, Anastasia trouva une pièce vide au fond de laquelle le mur avait été taillé en une sorte d'alcôve, une alcôve qui rappelait trop étrangement la fameuse "autre chapelle".

Dans la cuisine, les filles ne réagirent pas vraiment à la petite chanson de Maria-Karla, hormis Eva, qui se mit à meumeumer l'air pour l'accompagner. Finalement, au bout d'une petite minute, toutes les filles se retrouvèrent plus ou moins consciemment à découper les légumes en rythme, tant et si bien que les bruits de couteaux venaient ponctuer les respirations de la chanson. Seule Frauke prenait un malin plaisir à couper à contre-temps, illustrant de cette manière, la persistance de son désaccord.

[Maria-Karla]

Sentant que sa chanson donnait de l'entrain à ses camarades, Maria-Karla chanta de plus belle, non sans remarquer avec une certaine satisfaction comment la mauvaise volonté de Frauke et son ridicule entêtement à se démarquer l'amenaient finalement à s'isoler du reste du groupe.
Ce n'est vraiment pas la peine de faire attention à elle finalement ... Elle se ridiculise toute seule sans l'aide de personne.
Elle continua le travail en espérant que de son côté, Anastasia avait réussi à trouver du fromage quelque part.

[Anastasia]

Anastasia marqua un telps d'arrêt: elle devinait que cette pièce devait être l'endroit qui permettait de communiquer avec les alcôves situées plus bas.
Elle referma la porte soigneusement puis reprit le chemin de la cuisine en essayant de cacher son excitation: elle avait vraiment beaucoup de choses à dire à Maria Karla, encore fallait-il avoir le temps et l'ocasion de le faire: la préparation du repas nécessitait toute leur attention.
Elle arriva dans la cuisine en brandissant le fromage, le sourire aux lèvres.

[Le créateur]

Avant de monter l'escalier et de retourner dans la cuisine, Anastasia s'arrêta net, réalisant qu'elle avait toujours, à la main, son sabre. Elle se mit à chercher un coin discret et l'y déposa. Aussi soudainement qu'il était apparu, le sabre se volatilisa dans les airs, ne laissant que de l'obscurité à sa place. Comme elle pouvait s'y attendre, la jeune fille sentait toujours la poignée de son arme toute proche, saisissable en un clin d'oeil.

Maria-Karla s'était mise à chanter un peu plus fort et même Alexandra était partie pour fredonner l'air, alors qu'Eva chantait en essayant de répéter les sons qu'elle entendait. Martina et Sophia étaient un peu génée, l'une parce qu'elle était partagée entre l'entrain du groupe et les humeurs de son amie, et l'autre parce qu'elle n'arrivait ni à reconnaître les paroles, ni à saisir l'air. Frauke, de son côté, continuait à se refermer sur elle-même, quand Anastasia entra avec un quart de meule d'au moins plusieurs kilos dans les bras, assistant à ce spectacle un peu atypique dans un couvent.

[Anastasia]

Note: bien entendu qu'Anastasia n'arrive pas avec son sabre à la main et qu'elle l'a fait disparaître entre temps, je ne l'ai pas signalé, j'ai considéré qu'elle l'avait fait, désolé
Lorsqu'elle arrive avec son fromage, elle ne s'attend pas à voir ses camarades couper les légumes en cadance au son de la voix de Mrai-Karla.
Afin de ne pas les interrompre, elle pose le fromage sur la table, saisit elle aussi un coutau et se met à couper les légumes.
Elle regarda Frauke, puis Maria Karla. Elle sourit de plus belle, fit un petit clin d'oeil à sa camarade et essaya de suivre le rythme.

[Maria-Karla]

Maria-Karla sourit en retour à Anastasia, et se mit de son côté à couper le fromage que sa camarade avait rapporté afin d'en garnir le gratin.

(Exploit : faire chanter "les carottes ça a des poils" à une pensionnaire de couvent du 18e siècle ! Qui peut faire mieux ? )