épisode 3 : le temps du changement

[Le créateur]

Deux semaines supplémentaires se sont passées depuis l'arrivée de Déborah. Le couvent a semblé un peu plus calme que précédemment. Bien qu'une soeur ne soit plus effectivement plus présente, la version officielle fait état d'un départ pour un autre couvent. Maria-Karla et Anastasia ont été chargées par soeur Maria-Alma de s'occuper de Déborah et de faire en sorte qu'elle s'intègre le plus rapidement possible dans son nouveau couvent. Nous sommes le jeudi 20 octobre 1740, la neige est désormais bien présente et les températures atteignent rarement les positifs.

[Maria-Karla]

Maria-Karla sortit de sa chambre en grelottant malgré sa robe épaisse (sous laquelle le médaillon d'Adrien était toujours dissimulé) et la présence d'une couche de sous-vêtements supplémentaire.
Rien de particulier ne s'était passé depuis leurs exploits au sous-sol. C'était calme, et même trop calme. Comme elle l'avait espéré, les religieuses n'avait pas fait étalage de la disparition de l'une d'entre elles, de peur que cela n'attire l'attention sur leurs secrets. Mais en contrepartie, elle en était certaine, Anastasia et elle étaient désormais surveillées. Elle avait donc redoublé de prudence pour se concentrer sur sa tâche d'aider Deborah à s'intégrer. Elle lui avait donné au final peu de conseils qui sortaient de l'ordinaire (faire attention à bien éviter les écarts de conduite qui étaient sévèrement punis, ne pas arriver en retard aux leçons ...), à l'exception d'un seul : ignorer Frauke et Martina quelle que soit la teneur des remarques que celles-ci pouvaient lui faire. Elle-même n'en avait pas été prévenue à son arrivée, si bien qu'elle tenait à ce que Deborah ne soit pas prise au dépourvu. Après tout, Frauke était ce qui pouvait arriver de pire à une élève si celle-ci n'était pas impliquée dans les affaires des sœurs hérétiques.
Maria-Karla regrettait également de ne pas avoir eu de nouvelles d'Adrien. Elle espérait qu'il allait bien ; au moins n'avait-il pas eu à se blesser à cause d'elle.
Si jamais les sœurs attaquent à nouveau, ce qui va bien finir par arriver, il faut absolument que je trouve un moyen de me défendre sans faire appel à lui ... Mais lequel ?

[Anastasia]

Anastasia avait été très étonnée que les soeurs ne se soient pas fâchées un peu plus après tout ce qu'il s'était passé à l'église. Elle avait aussi pensé à ce moment là que cette fameuse nuit serait sa dernière, mais il ne s'était rien passé de plus et le matin elle s'était retrouvée avec ses camarades, en pleine forme, comme si son "étrange" maladie s'était terminée en quelques heures.
Une nouvelle élève était arrivée et celà avait permi de faire diversion auprès des autres élèves. Elle avait été au centre de toutes les attentions et Frauke semblait l'observer à sa manière.
Anastasia était à la fois ravie et désespérée par l'arrivée de la neige. Ravie parce qu'elle trouvait celà vraiment magnifique, et désespérée parce que la température la nuit devenait glaciale et que s'il fallait s'enfuir bientôt du couvent, celà risquait de poser un problème supplémentaire à une éventuelle escapade.

[Deborah]

Deborah prend ses marques les premiers jours et essaye de ne pas trop se faire remarquer dans un premier temps, surveillant et étudiant l'organisation globale afin de percevoir la marge de liberté qu'elle peut tenter de glaner.
Elle se montre amicale avec tout le monde et tente de se faire le plus d'amies possible, y compris Frauke et Martina.

[Le créateur]

Déborah pût remarquer que Frauke et Martina n'étaient pas des monstres, Frauke essayait même de tout indiquer à Déborah. Son seul défaut était surtout d'avoir une assez haute opinion d'elle même. Martina, pour sa part était plus en train de suivre sa camarade qu'autre chose. Quelque soit la façon dont elles s'étaient connues, c'était un lien suffisamment intense pour qu'elles ne le remettent en question à aucun moment.

La matinée passa et pendant le cours de couture, soeur Maria-Alma semblait un peu perdue dans ses pensées, comme si elle avait reçu une terrible nouvelle.

[Maria-Karla]

Maria-Karla, malgré son attention pour ses travaux de couture, remarqua le trouble de sœur Maria-Alma. Les mystères du couvent, qu'elle avait un peu oubliés pendant ces deux dernières semaines pour aider Deborah, refirent alors surface, et elle se souvint qu'elle n'avait jamais eu la certitude que sœur Maria-Alma n'y était pas mêlée ...
Elle se demanda si elle devait demander à la religieuse ce qu'elle avait. Elle pensa d'abord que c'était risqué, puis elle se dit qu'après leurs derniers exploits dans les souterrains, toutes les sœurs qui étaient mêlées au complot savaient sûrement déjà à quoi s'en tenir avec elle et Anastasia. Et si sœur Maria-Alma n'avait rien à voir là-dedans, lui demander si tout allait bien ne paraîtrait pas suspect, il s'agirait seulement d'une question posée par une élève qui s'inquiète du bien-être d'autrui.
A la fin de la leçon de couture, Maria-Karla s'arrangea pour être parmi les dernières à sortir et murmura à sœur Maria-Alma un timide : "Est-ce que tout va bien, ma sœur ?"

[Anastasia]

Anastasia vit son amie s'approcher de la soeur pour lui demander ce qui n'allait pas. Elle s'arrêta et se demanda pourquoi en effet elle semblait préoccupée. Mais elle pensa que celà ne devait pas être si grave et fit demi-tour pour sortir avant d'entendre la réponse. Elle espérait aussi que s'il y avait un réel problème, la soeur se confierait plus facilement à Maria Karla si personne d'autre ne l'écoutait.

[Le créateur]

La sœur sembla étonnée de la question de la jeune fille. Son visage se déforma étonnement dans une expression qui trahissait encore plus ses pensées.

- Je... Non, ce n'est rien... Juste une mauvaise appréhension... Faites attention à vous surtout...

La soeur partit rapidement, traversant la cour en direction de la bibliothèque. Frauke, en voyant ce spectacle ne pût s'empêcher de faire une petite réflexion.

- Elle est pressée la soeur aujourd'hui... Ou alors y'en a une qui a oublié de se laver, hihihi

Martina commença à glousser mais étrangement, se retint, jugeant peut-être qu'elle pourrait être en train de mettre de l'huile sur le feu.

[Maria-Karla]

Que la réponse de sœur Maria-Alma se soit voulue rassurante ou pas, elle plongea Maria-Karla dans le doute et l'angoisse.
J'ignore de quoi elle parle ... Mais en tout cas, cela laisse clairement entendre qu'elle connaît les activités secrètes des hérétiques et qu'elle sait que cela a quelque chose à voir avec nous !
Maria-Karla avait toujours eu un doute sur si sœur Maria-Alma savait quelque chose ou pas, mais inconsciemment, elle avait toujours plus ou moins fait confiance à la religieuse qui incarnait un peu pour elle une figure de grande sœur. Savoir qu'elle faisait sans doute partie des sœurs hérétiques la faisait se sentir encore plus isolée dans cet endroit où elle et Anastasia étaient peut-être tout simplement complètement entourées d'ennemies ...
Face à cette révélation, la remarque de Frauke et le bêlement de mouton de Martina lui faisant écho lui apparurent tout simplement pitoyables. Une tentative stupide de se faire remarquer, de la part de deux idiotes qui n'encaisseraient sans doute pas le dixième de ce qu'elle avait vécu si elles s'étaient trouvées dans sa situation ...
Elle se tourna vers Anastasia en ignorant délibérément les deux idiotes et murmura :
"Allons voir ailleurs ... Il se passe quelque chose de bizarre ..."

[Anastasia]

Anastasia aquiesça et elle suivit son amie.
- Que t'a t'elle dit ? Je suis sortie exprès afin qu'elle puisse te répondre plus facilement. Elle a vraiment pas l'air d'aller bien, et si elle ne se confie à personne, c'est qu'elle ne npous fait pas non plus confiance ou bien qu'elle nous juge incapable de l'aider de toute manière.

[Maria-Karla]

Après avoir fait quelques pas pour s'assurer que les autres étaient loin, Maria-Karla répondit tout bas à Anastasia :
"Je pense que c'est pire que ça. Elle m'a dit que nous devions faire attention à nous, et pour moi, ça ne veut dire qu'une chose : elle sait qui nous sommes. Elle fait donc partie des hérétiques, mais pour une raison que j'ignore, elle semble ne pas vouloir s'opposer directement à nous, comme la religieuse qui est ... partie. Je ne sais pas quoi penser d'elle, mais je crois que nous devons nous attendre à avoir à nouveau des ennuis ..."

[Anastasia]

Anastasia soupira
- Moi qui pensais qu'elle n'était pas avec les autres... Tu sais, je l'aime bien en fait, et je suis sure qu'elle nous apprécie aussi, elle l'a déjà montré. Le fait qu'elle semble si inquiète et qu'elle ne souhaite pas nous en dire plus prouve bien qu'elle vit en ce moment un grand dileme. Je pense que nous devrions lui montrer quelques égards, quelque attention, de manière à ce qu'elle puisse voir que nous ne sommes pas ses ennemies. Même si elle en sait plus sur nous qu'elle n'ose le dire. Je suis certaine qu'elle est très différente de la soeur que nous avons dû affronter dans les souterrains.

[Maria-Karla]

"Je l'espère ... En fait, j'ai du mal à distinguer qui sont nos amis et qui ne le sont pas. Tout le monde ici fait tellement de mystères, de faux-semblants, que je ne sais plus trop qui croire ..."

[Anastasia]

Anastasia sourit et manqua prendre le bras de son amie par affection mais se souvint qu'elle détestait ça.
- Heu... moi, je pense que tu me me faire confiance, non ? fit-elle en souriant. Je sais, on est juste deux, mais c'est déjà mieux que d'être seule... A nous deux on est bien plus fortes qu'elles, d'ailleurs, on s'en est pas mal tirées dernièrement même si je pense encore à ce qu'il s'est passé ...
Anastasia baissa les yeux.
- J'aurais préféré que celà n'arrive jamais.

[Maria-Karla]

Maria-Karla essaya de ne plus penser à la bataille et reprit :
"Je ne parlais pas de toi, évidemment. Mais pour les autres, j'ignore même si elles sont impliquées dans cette histoire où si elles sont simplement des victimes. J'aimerais croire qu'il ne s'agit que des religieuses, et que les autres élèves n'ont rien à voir là-dedans. Alexandra possède une étonnante résistance à cette magie, mais sait-elle seulement de quoi il retourne ?..."