Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Le créateur]

Sophia acquiesce de la tête :
"Qui le garde ?"

[Anastasia]

- Je veux bien le garder, j'aimerais le consulter pour voir quels autres plats on pourrait aussi réaliser. Elle espérait trouver de bonnes idées. Elle aurait voulu commencer à le feuilleter sur place mais elle s'était retrouvée dehors beaucoup trop vite alors que la nuit était tombée.
Anastasia avait aussi remarqué que soeur Maria-Alma était probablement allée dans la réserve.

[Maria-Karla]

"Si tu veux."
Anastasia lui semblait en effet la mieux placée pour garder le livre, puisque c'était elle qui l'avait trouvé.
"Veux-tu qu'on t'accompagne, ou est-ce que tu préfères qu'on t'attende ici ? Je pense qu'on va bientôt devoir aller manger ..."

[Anastasia]

- j'en ai pour quelques instants, je pose le livre et je vous rejoins pour manger.
Anastasia se dépêche de montrer dans la chambre, elle pose le livre sous son oreiller avant de redescendre.

[Le créateur]

Alors qu'Anastasia vient à peine de revenir, Soeur Maria-Alma arrive en courant et interpelle haletante les pensionnaires :
"Au mon Dieu, j'allais complètement oublier... Maria-Karla, Anastasia, suivez-moi aux cuisines. Sophia, allez prévenir les autres de ne pas les chercher ou les attendre, elles mangeront après vous."

"bien" répond simplement sophia.

Après quoi, elle part vers les dortoirs alors que la sœur retourne d'un pas rapide vers le réfectoire.

[Maria-Karla]

Maria-Karla suivit sœur Maria-Alma vers les cuisines sans comprendre.
Qu'est-ce qui se passe encore ?... Ce n'est pas la préparation du repas ni la vaisselle, notre groupe serait au complet ... Et qu'est-ce qu'elle entend par "manger après" ? Pas trop tard j'espère, nous avons encore à rejoindre Alexandra ce soir ...
Même si elle savait que cela ne servait pas à grand-chose car sa camarade ne devait pas en savoir plus qu'elle, Maria-Karla jeta un regard interrogateur à Anastasia.

[Anastasia]

Anastasia, stupéfaite se demanda ce qu'il se passait.
- Qu'a t-elle bien pu oublier ? Elle a l'air dans un drôle d'état.
Ne sachant que penser, elle suivit la soeur tout en rendant son regard à sa camarade.

[Le créateur]

La sœur s'engage dans les cuisines et se dirige directement vers le chaudron encore dans l'âtre de la cheminée. Des pensionnaires sont encore là en train de compter les assiettes et de les amener dans le réfectoire.
Sœur Maria-Alma s'adresse alors à Anastasia et à Maria-Karla à demi-voix.

"Notre... invitée est arrivée plus tôt que prévu. Je devais vous prévenir à la fin des ateliers mais ça m'est complètement sorti de la tête. Vous devez tout de suite lui apporter son dîner. Vous mangerez après les autres, je serai ici pour m'assurer qu'il vous reste quelque chose. Ne traînez pas s'il vous plait, je ne voudrais pas éprouver sa patience."

La sœur sort ensuite vers le réfectoire, probablement pour rejoindre les autres sœurs.

Dans le chaudron, une soupe est en train de revenir. Plusieurs morceaux de pain sont déjà découpés sur un coin de la grande table au milieu de la pièce. Le reste semble être soit de la vaisselle propre, soit des ustensiles déjà utilisés qui attendent le groupe de nettoyage en fin de repas, mais aucun autre aliment n'est à portée de vue. Une élève au fond de la pièce est en train d'activer la pompe pour remplir des carafes d'eau.

[Maria-Karla]

Maria-Karla, sous l'effet de la surprise, eut un peu de mal à réagir. Elle s'était préparée à recevoir l'impératrice - si du moins c'était bien elle - le lendemain, c'est-à-dire, pour une jeune fille de cet âge, quasiment aux calendes grecques, et se retrouver confrontée plus rapidement que prévu à son devoir lui occasionna un moment de légère angoisse. Passé ce moment, elle chercha du regard l'assiette et les couverts destinés à "l'invitée" du couvent. Ce n'était pas vraiment le moment de traîner ...

[Le créateur]

Aucune assiette ni aucun couvert ne semble avoir été préparé pour l'invitée, et à en croire les mines étonnées des autres pensionnaires, personne ne doit être en train de lui en préparer. Il va donc falloir se débrouiller seules.

[Maria-Karla]

Maria-Karla tenta de se reprendre en voyant les regards étonnés des élèves chargées de la préparation du repas.
Évidemment, la venue de cette dame est un secret pour tout le monde sauf pour nous ... Dire aux pensionnaires en charge du repas de réserver un couvert pour une personne importante, ça aurait revenu à annoncer sa venue à tout le monde ... Bon, allons-y.
Elle attrapa la première assiette à soupe qui lui tomba sous la main, une louche, et entreprit de remplir l'assiette de soupe à partir du chaudron.
"Je suppose qu'il faut une assiette de soupe et un morceau de pain, murmura-t-elle à Anastasia. Je m'occupe de la soupe et toi du pain, ça te va ?"

[Anastasia]

Anastasia fut embarrassée par cette nouvelle : elle pensait avoir encore un peu de temps pour se préparer à rencontrer l’impératrice. De plus, elle n’aimait pas non plus agir dans la précipitation. Mais après avoir regardé autour d’elle, ce qui la gênait le plus, c’était surtout que la seule nourriture disponible immédiatement n’était que de la soupe. Aussi bonne soit-elle, cela faisait un bien maigre repas pour une personne de ce rang. Elle aurait souhaité faire bonne impression lors de leur première rencontre.
- Je veux bien m’occuper du pain répondit-elle, mais tu ne penses pas que c’est un peu léger ? Même si nous sommes dans un couvent et que c’est le repas du soir, ne pourrait-on pas ajouter quelque chose ?
Sans attendre la réponse, elle partit en reconnaissance dans la cuisine afin de dénicher quelque chose de plus à manger, ne serait-ce qu’un fruit.

[Le créateur]

Anastasia passe dans la salle au fond de la cuisine qui n'est autre que la réserve. La pièce est plus fraiche que la cuisine, mais étrangement plus sèche aussi. Aucune fenêtre n'est taillée dans les murs et seule la lumière de la cuisine permet de distinguer quelques formes : dans un coin, Anastasia trouve un panier de pommes à la peau un peu fripée, une pile de marron étant entreposée juste à côté sur une toile. Quelques courges, navets et autres potirons sont posés sur une table. Enfin, dans l'autre coin, un escalier bien sombre descend vers la cave.

[Maria-Karla]

Occupée à prendre l'assiette de soupe et la cuiller qui allait avec, Maria-Karla ne prêta que peu d'attention à la remarque d'Anastasia. Mais quand elle vit sa camarade partir vers la réserve, elle déposa instinctivement l'assiette sur la table et partit à sa poursuite en disant, assez fort pour que sa camarade l'entende mais assez faible - du moins elle l'espérait - pour ne pas faire trop de bruit :
"Anastasia !... Reviens, c'est peut-être interdit ... et on nous attend !"
La remarque d'Anastasia n'était pas infondée : de la soupe et du pain était sans doute un peu frugal pour une impératrice, ou du moins pour une dame de haut rang. Mais sœur Maria-Alma ne leur avait indiqué que la soupe, c'était donc bien ce qui devait normalement constituer le repas de l'invitée. Invitée qui n'était sûrement pas venue au couvent pour faire bonne chère, mais au contraire pour s'éloigner des vices du monde et préparer son âme au salut ... c'était du moins ce qu'une grande dame devait rechercher quand elle venait en retraite dans un couvent. Vouloir agrémenter son repas partait d'une bonne intention, mais ce n'était pas nécessaire ... et c'était peut-être outrepasser leurs droits.

[Anastasia]

Anastasia nota l'escalier et hésita à s'y engager: il était sombre et elle manquait de temps. Elle chosit la pomme la moins fripée et revient vers sa camarade:
- C'est dommage de manquer de temps, je suis sure qu'il y a de quoi régaler notre invitée dans la cave... Elle devra se contenter de la soupe et de cette pomme. Je coupe un peu de pain et on y va.