Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Anastasia]

Anastasia avait été quelque peu rassurée par le fait que la soeur ne tentait pas de les attaquer de suite, mais elle n'apprécia pas la manière dont elle leur parlait et surtout elle ne lui pardonnait pas d'avoir insinué plus tôt qu'elle allait mourir.
- Mais de quoi parlez-vous donc fit-elle ? De quel problème ? Et de quel retour ? nous n'étions jamais venues dans ce couvent avant. Vous parlez par énigme afin de ne pas nous apporter de vraies réponses. Qui s'est sacrifié pour nous ? Qui est-ce donc ? Lorsque j'ai touché la colonne une voix familière m'a appellée, mais je ne me rappelle pas qui c'est.
Je pense qu'il va falloir que vous nous fournissiez quelques explications si vous ne voulez pas vous retrouver poursuivie pour sorcellerie par les autorités de l'empire. Nous n'avons de notre côté aucune intention de renverser l'Empire, bien au contraire, nous nous sommes appliquées à aider la future impératrice lors de son passage ici. Mais vous, êtes-vous sure de respecter tous les préceptes de Rome et de notre sainte église ? A voir ce qu'il se passe ici, j'en doute.
Et comment avez-vous su que nous étions là ? vous pouvez sentir ce genre de choses ? Etes-vous donc humaine ?
Je pense qu'il est plus que temps de nous dévoiler certains mystères. Puisque je dois mourir demain, vous pourriez au moins me faire cette faveur: savoir pour quelle raison. Je suppose que vous avez pris en compte le fait que je n'ai pas l'intention de me laisser faire... Qui doit me tuer ? Vous ? Pourquoi ? Vous dîtes que l'on s'est sacrifié pour nous, celà veut dire qu'il faut qu'on paye la chose en retour maintenant ?
Anastasia savait que la soeur leur avait dit au moins une partie de la vérité: la voix dans la colonne, son sabre magique, tout celà n'était pas naturel et méritait quelques explications. Elle se tenait de toute façon sur ses gardes.

[Le créateur]

La sœur se redresse, prenant un air hautain :

- Quel intérêt de continuer cette discussion alors que vous allez devoir l'oublier, au moins jusqu'à votre prochain retour ?... Sachez cependant que, premièrement, personne ne croira vos accusations de sorcellerie d'autant plus depuis que nous sommes alliées à la cour impériale, deuxièmement, vos proches n'ont été que des outils de votre retour ici, qui était programmé depuis plusieurs siècles, et troisièmement, vous êtes aussi responsables que moi dans tout ce qui se passe dans ce couvent, alors ne jouez pas les saintes innocentes.

La sœur reprend une posture de combat :

- Après votre disparition, tout le couvent pensera à une fugue. Les jeunes filles ont de plus en plus de mal avec l'autorité de nos jours, certaines ne le supportent pas et s'enfuient pour une vie de bohème, il y en a même qui tentent de se suicider... Je suis sûre qu'on pourra trouver des camarades qui viendront confirmer ces théories... Et maintenant, à votre prochaine incarnation !

La sœur tend la main devant elle et hurle dans la langue occulte quelques mots que les deux filles interprètent comme "les flammes enveloppent la chair".

(HRP : réaction les filles !)

[Anastasia]

Anastasia pensa à son sabre et lança l'attaque la plus forte possible.

[Maria-Karla]

"Noooon !"
Dès qu'elle entendit la sœur parler de flammes, Maria-Karla se rua vers la seule chose qui pouvait la protéger des flammes : le bassin. Elle tenta au passage de bousculer la religieuse pour la faire tomber elle aussi dans l'eau. Elle ne fit pas vraiment attention à Anastasia, mais espérait que sa camarade aurait la même idée qu'elle, ou au moins qu'elle la suivrait. Il n'était plus temps d'hésiter : la sœur ne répondrait pas à leurs questions, et contrairement à ce qu'elle avait pensé, les tuer n'était pas un problème pour elle ...

[Le créateur]

Maria-Karla se rua en avant en criant, gardant inconsciemment une main sur son pendentif. Elle le vit alors apparaître devant elle, les bras écartés. Derrière cette silhouette masculine, elle pût voir les flammes commencer à avancer. Ne pouvant plus s'arrêter, elle percuta Adrien dont les bras protecteurs vinrent l'enlacer. Maria-Karla ferma les yeux.

Anastasia fouetta l'air de son sabre qui semblait plus lumineux que jamais. La note métallique fût vite noyée par le bruit des flammes qui s'engouffraient jusqu'à elle et se séparaient pour la contourner comme si elle avait littéralement taillé le feu en deux.

Un horrible cri retenti, trop aigu pour être celui d'Adrien. Dans le couloir dont les murs fumaient encore sous l'effet de la chaleur, deux personnes seulement étaient encore debout. Anastasia était en garde, son sabre à la main, vibrant d'une puissante lumière. Maria-Karla rentrait toujours la tête dans les épaules, les mains serrées sur sa poitrine. Adrien n'était plus là, et, au bout du couloir, la soeur était à croupi, tenant sa main ensanglantée, regardant avec horreur son index et son majeur gisant dans la sang à ses pieds.

- Qu'avez-vous fait...

[Maria-Karla]

La scène s'était déroulée un peu trop vite pour que Maria-Karla en ait eu pleinement conscience. Il y avait eu Adrien, surgi de nulle part pour faire rempart entre elle et les flammes, puis ... que s'était-il passé ? D'où sortait ce sabre qu'Anastasia tenait à la main ? Maria-Karla savait qu'Anastasia possédait un sabre, mais elle était sûre qu'elle ne l'avait pas apporté ici ... Et comment avait-elle pu trancher des flammes en deux avec ?
Pour l'instant, la religieuse semblait tout aussi surprise qu'elles, et même si elle avait bien failli les tuer, Maria-Karla ne put s'empêcher d'avoir un peu de pitié pour sa main tailladée. Elle essaya cependant de ne pas regarder le sang, n'étant pas certaine de pouvoir en supporter la vue.
Adrien ?... Tu m'entends ? Est-ce que tout va bien ? Oh, si ces flammes impies t'ont brûlé, je ne me le pardonnerai jamais ...

[Anastasia]

Anastasia éait stupéfaite par sa réussite et par son halo lumineux. Elle avait frappé pour se défendre , mais n'avait pas imaginé pouvoir fendre les flammes ainsi et toucher sa cible. Cette arme était vraiment prodigieuse et elle était ravie de savoir aussi bien s'en servir.
Un peu tremblante toutefois elle resta où elle était car elle était à la fois choquée par ce qu'elle voyait et soulagée par son succès.
- Vous, ne bougez pas ! dit-elle à la religieuse et ne vous avisez surtout pas de recommencer, nous avons la preuve à présent que vous nous voulez du mal. Elle la menaça de son poing fermé, prête à relancer une autre attaque.
Puis elle chercha des yeux la personne qui était brusquement apparue dans le couloir pour protéger son amie.
- Je suis désolée fit-elle à Maria-Karla sans quitter la religieuse du regard, je voulais te parler de mon pouvoir, mais je n'en ai jamais eu l'ocasion. Mais n'as-tu pas vu une autre personne ? Où est-elle ?

[Maria-Karla]

Les dernières paroles d'Anastasia firent comprendre à Maria-Karla qu'elle avait vu Adrien.
"Euh ... il était là, mais il n'était pas vraiment là ... Un peu comme ton sabre, en fait."
Elle désigna la religieuse du regard.
"Je crois qu'on devrait d'abord s'occuper d'elle, les explications ce sera pour plus tard ..."

[Le créateur]

Pendant que les filles se regardaient, la soeur tenait toujours sa main saignante. Avec beaucoup de discrétion, elle était en train de psalmodier, ses lèvres remuant et ses yeux restant étrangement fermés.

[Maria-Karla]

Remarquant soudain que la religieuse était en train de lancer un nouveau sort, qui était sans doute mauvais pour elles, Maria-Karla fit la seule chose qu'elle pouvait faire avec ses maigres moyens : lui mettre une gifle pour qu'elle se taise.
"Taisez-vous ! Plus de sortilèges, maintenant dites-nous ce que nous voulons savoir !"

[Anastasia]

Anastasia se mit en position , prete à attaquer encore une fois. Elle ne souhaitait pas le faire, mais si la religieuse tentait à nouveau quelque chose, elle n'hésiterait pas à frapper la première.
-Assez ! cria t'elle, vous espérez quoi ? Que je vous tue ? Ne croyez-vous pas que vous avez assez perdu aujourd'hui ?

[Le créateur]

La soeur resta un instant la tête tournée après avoir reçu la gifle de Maria-Karla puis revint lentement faire face aux deux filles. Son visage relevé esquissa lentement un petit sourire angoissant.

- Qu'est-ce que vous croyez ? Je me fiche de mourir, je l'ai déjà et le ferai encore, ce n'est qu'une marche de plus sur l'escalier du pouvoir...

Quelques gouttes de sang commencèrent à couler de son front.

[Maria-Karla]

Maria-Karla entendait la sœur sans comprendre. Comment pouvait-elle envisager ainsi de mourir sans sourciller ? Et elle disait que ce n'était pas la première fois ?
"Sorcière !"
Elle ne put s'empêcher de cracher le mot tout en se demandant quels horribles rituels les religieuses pouvaient bien perpétrer pour se moquer ainsi de la mort. Mais l'apparition des gouttes de sang sur le front de la femme instilla à nouveau le doute dans son esprit.
Des stigmates ?... Non ... elle essaye de nous déstabiliser en se faisant passer pour une sainte, mais après ce qu'elle a fait ... comment peut-elle espérer qu'on gobe ça ?
"Seigneur, dit-elle en joignant les mains en prière, garde-nous des faux prophètes. Ils viendront à nous sous l'habit des agneaux mais ce seront des loups assoiffés de sang ..."

[Anastasia]

Anastasia hésitait entre la colère et l'incompréhension:
- Je n'ai aucune envie de vous tuer répondit-elle, je veux juste savoir ce qu'il se trame ici. Vos actions nous semblent plus qu'étranges et je pense que vous devrez en répondre devant la justice des hommes avant celle de dieu. N'espérez pas y échaper en continuant à vous cacher derrière vos actes indignes de la vraie foi. Vous êtes des hérétiques et vous menez ce couvent à sa perte.
Anastasia leva son arme prête à frapper à nouveau.
- A genoux fille de l'enfer, vous ne nous faites pas peur. Et reprentez-vous tant qu'il est encore temps !

[Le créateur]

La soeur esquissa un sourire alors que ses yeux commencèrent à se révulser. Son corps s'effondra inerte sur le sol et une marre de sang se répandit peu à peu autour d'elle. La scène semblait figée, même l'air donnait l'impression de ne plus oser bouger. Le silence fût soudainement rompu par la bruit de la cascade d'eau qui reprit violemment.

Les deux amies, seules au milieu du couloir face au corps inerte de la soeur sentirent un frisson parcourir leur échine.