Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Anastasia]

Anastasia alla aussitôt se recoucher sur son lit, attendant de voir qui allait entrer.

[Maria-Karla]

N'entendant pas Anastasia aller ouvrir, Maria-Karla s'approcha de la porte et murmura :
"Anastasia ? Tu es là ?... Ouvre, c'est moi ..."
Elle regarda nerveusement autour d'elle dans le couloir, craignant de plus en plus que quelqu'un remarque la lumière de sa bougie.

[Anastasia]

Anastasia ouvrit la porte et fut ravie de voir son amie.
- J'en ai vraiment assez d'attendre seule ici murmura t'elle.

[Maria-Karla]

Maria-Karla fouilla dans ses poches et tendit le pain à Anastasia.
"Tiens, je t'ai apporté du pain. Je sais que ce n'est pas grand-chose, mais je ne pouvais pas en mettre plus dans mes poches sans que ça se remarque ..."
Elle jeta à nouveau un regard méfiant vers le reste du couloir.
"Ne restons pas là, quelqu'un va finir par se rendre compte qu'on est debout. Allons vite vers la porte dérobée."
Joignant le geste à la parole, et après s'être assurée que personne n'était en vue, elle se dirigea vers l'endroit où devait se trouver la porte, comptant sur la lueur bleue pour repérer la poignée.

[Anastasia]

Les yeux d'Anastasia brillèrent lorsqu'elle vit le pain. Elle se mit à le dévorer non sans remercier son amie d'avoir pensé à elle.
Lorsqu'elle proposa d'aller vers la porte secrete, elle la suivit.
- Tu as raison dit-elle entre deux bouchées, commençons tout de suite, j'ai assez attendu.
Elle sentit alors son coeur battre plus fort dans sa poitrine.

[Le créateur]

Les deux filles avancèrent dans le couloir. Rapidement, elles arrivèrent devant la poignée bleutée. Elles ouvrirent la porte, s'engouffrèrent et la refermèrent derrière elle. Immédiatement, la ligne de lumière se développa dans l'escalier, rendant la chandelle de Maria-Karla superflue.

Tout se passait bien pour l'instant, peut-être trop bien même. Les deux filles ressentaient la désagréable impression qu'une mauvaise surprise allait forcément se déclarer tôt ou tard.

[Maria-Karla]

Maria-Karla souffla sa chandelle dès que la ligne de lumière apparut, et la glissa dans sa poche désormais vidée du pain, au cas où elles se retrouveraient à nouveau plongées dans le noir.
"Dépêchons-nous, plus vite nous y serons et mieux ça vaudra."
Elle évita soigneusement de dire qu'elle ne savait pas du tout ce qui leur arriverait une fois qu'elles "y" seraient.
Ça ne pourra pas être pire que si on ne fait rien, quoi que ce soit ... Alors allons-y.
Elle marcha vers la cascade d'un pas qu'elle voulait assuré, mais crispa à nouveau sa main sur son médaillon.
Adrien, j'ai peur ...

[Anastasia]

Anastasia sentait la tension monter en elle. Mais après des heures d'attentes sans rien pouvoir faire, l'action lui permettait enfin de se sentir plus utile. Elle était venue pour avoir des réponses à ses questions, mais elle sentait bien que les choses ne seraient probablement pas aussi simples.

[Le créateur]

Le médaillon de Maria-Karla vibra très faiblement, rappelant sa présence, sans pour autant paraître très dynamique. Les deux filles continuèrent leur avancée, passant le long couloir, le virage coudé, arrivant dans la salle de la chute d'eau. Etrangement, cette dernière était déjà arrêtée, signe probable que quelqu'un était déjà passé récemment, ou avait juste oublié de retirer son sort, ce qui donnait un idée assez vertigineuse de la puissance et de la solidité d'une telle personne en comparaison avec le mal qu'avait eu Maria-Karla pour arrêter l'eau de la cuisine pendant quelques secondes.

[Maria-Karla]

A la vue de la cascade figée, Maria-Karla pila net.
Quelqu'un est déjà passé par ici ... Ami ou ennemi ?...
Elle se sentait paralysée, incapable d'avancer plus loin. Jusque-là, elle avait été plutôt confiante à l'idée de dire ses quatre vérités à cette chose dans la colonne, qui lui semblait au fond enfermée, prisonnière, impuissante, malgré le pouvoir de persuasion qu'elle avait eu sur Anastasia. Mais affronter une personne réelle, c'était autre chose. Ses petits bras et ses petits sorts ne lui seraient pas d'une grande utilité s'il y avait quelqu'un en face d'elle ...

[Anastasia]

Anastasia sentit l'hésitation de son amie et celà fit monter la tension en elle d'un cran. Mais elle savait que c'était le moment d'avancer.
- Ce n'est plus le moment d'hésiter, nous ne pouvons plus revenir en arrière. Dit-elle. Moi aussi je ne suis guerre rassurée, mais le temps des choix est derrière nous.
Elle eut l'idée de lui prendre le bras pour la rassurer mais elle se rappela au dernier moment que Maria Karla n'aimait pas les "contacts" trop familliers. Anastasia le regretta, car instinctivement, c'était aussi un moyen de se rassurer elle-même.
- Courage ajouta t'elle, avancer est la seule option qui s'offre à nous maintenant.
Elle regarda Maria Karla en essayant de prendre l'air le plus détendu possible mais elle n'était pas sure d'y être parvenue.

[Maria-Karla]

L'apparente absence d'hésitation d'Anastasia rappela à Maria-Karla pourquoi elles étaient descendues à nouveau dans cet endroit. Anastasia était en danger, même si elles ignoraient de quoi ... Mais le fait que des soeurs lui aient parlé de mourir et de se réincarner justifiait qu'elles prennent des risques.
Qu'elle prenne des risques, tu veux dire ... Ce n'est pas toi qui es menacée de mourir, c'est elle ... Est-il vraiment nécessaire que toi aussi tu risques ta vie ?
Maria-Karla pensa cela pendant un instant ... et se le reprocha presque aussitôt. Sans doute, Anastasia était - du moins pour le moment - la seule à être en danger, mais de son côté, ce n'était pas comme si elle ne savait rien. Elle avait vu la "chose" agir, ce qui la rendait presque aussi concernée qu'Anastasia par la situation. Et si aujourd'hui c'était Anastasia qui était en danger, demain ce serait peut-être une autre pensionnaire du couvent ...
Pourquoi cette chose n'a pas jeté son dévolu sur Frauke plutôt ? Là au moins, j'aurais pu laisser faire ...
Voyant qu'Anastasia était décidée à continuer, elle se remit en route vers le bassin. Elle dit à voix basse :
"Soyons très prudentes, et s'il y a quelqu'un, évitons de nous faire voir ..."

[Le créateur]

Les deux filles s'engagèrent sur l'échelle sous la cascade, lentement, cherchant à ne pas faire le moindre bruit. Anastasia, qui était devant, passa prudemment la tête dans le couloir, n'apercevant personne jusqu'au virage quelques mètres plus loin.

Les deux amies continuèrent d'avancer puis reprirent une démarche prudente en arrivant au virage. En passant le regard de l'autre côté, Anastasia retint son souffle en voyant le dos d'une soeur, immobile, la main sur la colonne de lumière.

[Anastasia]

Anastasia fit signe à Maria Karla de ne plus avancer. Elle essaya de deviner de qui il s'agissait et si il y avait d'autres personnes dans la salle.
- Il y a une soeur qui a la main sur la colonne chuchotta t'elle à son amie.
Anastasia se souvint de l'état dans lequel elle était lorsqu'elle en avait fait l'expérience.
- A mon avis, si on s'approche sans faire de bruit, elle ne fera même pas attention à nous.

[Maria-Karla]

"D'accord ... mais une fois approchées, qu'est-ce qu'on va faire ? La rejoindre à la colonne ?... Lire le livre devant elle alors qu'elle peut lâcher la colonne et reprendre ses esprits à tout moment ?... Il vaudrait peut-être mieux attendre qu'elle ait fini ..."