Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Maria-Karla]

"J'espère que tu as une très bonne idée pour t'enfuir, parce que moi, je ne vois pas trop ... Même si l'idée est séduisante. J'aimerais beaucoup me retrouver loin de ces religieuses hérétiques, de tous ces mystères et aussi de mademoiselle je-suis-mieux-que-tout-le-monde ... Elle est de plus en plus insupportable."
"Mais qu'est-ce qu'on fera une fois dehors ? Je ne sais pas pour ta famille, mais si ma tante découvre que j'ai quitté le couvent, la première chose qu'elle tentera de faire, ce sera probablement de m'y renvoyer, et nos histoires d'église secrète et d'incarnations ne plaideront pas en notre faveur ..."
"Et pour ce qui est de savoir ce qui se trame en bas, là je suis d'accord. Je serais même d'avis de dire ses quatre vérités à cette maudite chose dans la colonne. Qui sait, depuis des années que les sœurs lui obéissent, le fait que quelqu'un ose enfin lui dire d'arrêter pourrait suffire à la déstabiliser ..."

[Anastasia]

Anastasia reconnut que son amie avait raison: elle n'avait pas vraiment de plan pour sortir et une fois dehors, elles seraient livrées à elle-même avec personne pour les croire.
- Il faut d'abord savoir ce qu'il se trame ici. une fois que nous saurons, nous pourront peut être mieux savoir ce qu'il faut faire. Tout ce que je sais c'est que nous risquons de disparaître si on ne fait rien. Les soeurs ont dit qus je risquais d'être ailleurs dès demain. Il faut agir maintenant.

[Maria-Karla]

"Dans ce cas, je propose que nous allions dès ce soir à l'autre église et que nous tirions les vers du nez à cette chose dans la colonne. Nous devons absolument savoir qui elle est et ce qu'elle veut, sinon nous allons rester sans réponse longtemps. Ce soir après le dîner, essaye de sortir discrètement d'ici et de me rejoindre à la porte cachée dans notre couloir."
Maria-Karla prit un peu de temps pour réfléchir à mi-voix sur un sujet qui l'embarrassait.
"Je ne sais pas si on doit le dire à Alexandra cette fois ... D'abord parce qu'elle ne peut pas nous suivre sous la cascade, et ensuite, cette manière qu'elle a de ne dire les choses qu'à moitié ne me plaît pas ... Je sais bien que c'est elle qui nous a montré cette porte, mais je ne vois pas pourquoi je lui ferais totalement confiance alors que ça n'a pas l'air d'être son cas ..."

[Anastasia]

Anastasia se posait la question de savoir s'il fallait agir maintenant ou attendre que tout le monde soit couché comme le proposait Maria Karla. Mais Anastasia pensait que les heures étaient comptées et qu'agir au plus tôt serait le mieux. Elle lui en fit part.
- Qu'en penses-tu ? Pour Alexandra, tu as raison, il vaut mieux agir de notre côté.

[Maria-Karla]

"Dès maintenant, c'est risqué, surtout pour moi. Toi, c'est sûr, pour tout le monde dans ce couvent, tu es censée être endormie ici et personne ne te cherchera, mais moi, si jamais on m'appelle pour une visite ou pour une corvée, on risque de remarquer que je ne suis nulle part ... Ou alors, je dois d'abord m'assurer que personne ne va venir me rendre visite aujourd'hui."

[Anastasia]

Attendond ce soir dans ce cas.

[Maria-Karla]

Maria-Karla hocha la tête.
"Au fond, je préférerais que ce soit le plus tôt possible. Mais c'est trop difficile. Soit on y va à un moment où tout le monde est censé être à l'office ou ailleurs, et quelqu'un remarquera mon absence, soit on y va pendant un temps libre, et on risque de croiser quelqu'un qui se demandera ce que tu fais dehors alors que tu es soi-disant gravement malade ..."
"Donc, nous attendrons ce soir ... En attendant, restons discrètes. Essaye d'écouter les conversations des religieuses si elles reviennent te voir, avec un peu de chance tu en apprendras un peu plus sur ce qui se passe ... Moi, je vais faire un tour ailleurs pour ne pas éveiller les soupçons."

[Anastasia]

Très bien, c'est la meilleure chose à faire en effet.
Anastasia eut un frisson: ce qu'elles allaient faire lui semblait risqué, mais les soeurs ne leur laissaient pas le choix...

[Le créateur]

Dans la cour, les pensionnaires vaquaient par petits groupes. Des sœurs venaient de temps en temps chercher quelques-unes d'entre elles pour les amener dans le parloir. Le temps filait et Maria-Karla, entre le soulagement et la déception ne vît aucune sœur venir lui parler. Mais après tout, de quoi pouvait-elle se plaindre ? Elle avait déjà eu une visite le matin même.

Le soleil déclina peu à peu dans le ciel, ses derniers rayons filtrant au travers du dôme magique qui couvrait le couvent. L'heure du souper arriva vite, Maria-Karla dû se rendre au réfectoire pour manger, mais surtout pour faire une apparition et lever tout soupçon sur le plan qu'elle avait établi avec sa camarade. Repensant à elle, elle glissa quelques morceaux de pain dans sa manche en essayant d'être la plus discrète possible.

Puis vint la prière du soir, le jeu quotidien de mime qu'elle avait créé en s'empêchant de participer à un ensorcellement dont l'effet lui semblait douteux, se protégeant par des prières plus connues et plus rassurantes aussi.

Enfin les pensionnaires se dispersèrent et l'heure du couvre-feu approcha. L'après-midi avait semblé extrêmement long aux deux jeunes filles, surtout parce qu'il n'était qu'une interminable attente avant de pouvoir tenter de se défendre, dans cette toile dont elles ne comprenaient ni le raison, ni le but.

(HRP : j'ai passé rapidement l'après-midi, histoire qu'on reprenne tout de suite dans le vif du sujet, histoire de repartir sur les chapeaux de roues )

[Maria-Karla]

Dès qu'elle fut sûre que personne ne l'appellerait pour une visite, et afin que personne n'ait des soupçons en la voyant "piétiner" sur place, Maria-Karla s'était rapidement retirée dans sa chambre, récitant à mi-voix un chapelet tout en vérifiant du coin de l'œil qu'elle avait bien une bougie pas trop consommée à sa disposition.
Puis, quand le soleil commença à baisser, elle quitta les chambres pour le dîner et l'office du soir, auquel elle assista du pain plein les poches pour pouvoir nourrir Anastasia avant leur "balade".
Le couvre-feu venu, elle entra dans sa chambre, en ferma la porte et attendit quelques instants, l'oreille collée à la porte, que tous les bruits dans les couloirs et les chambres se soient éteints, puis elle alluma sa bougie et ouvrit doucement la porte de sa chambre.

[Anastasia]

Anastasia passa tout l'après-midi à attendre que son amie revienne. Elle trouva le temps particulièrement long. Aussi, elle essayait de s'imaginer ce que les autres étaient en train de faire. Puis elle se concentra sur ce qui les attendait. Mais il y avait trop d'inconnues dans ses pensées pour arriver à bâtir un plan qui lui semble sûr.

[Le créateur]

Le couloir était vide et le couvent semblait avoir retrouvé un peu de paix. Les jeux d'ombre de la chandelle sur les murs étaient plus menaçants encore que les fois précédentes, surement à cause de la tension que ressentait Maria-Karla à l'idée de ce qu'elles allaient entreprendre ce soir-là.

Dans sa chambre, Anastasia pouvait toujours voir sa porte mystérieuse, sans la moindre éraflure, alors qu'elle avait elle-même réussi à y tailler une marque à l'aide de son sabre.

[Maria-Karla]

Maria-Karla essaya de surmonter sa peur - un mélange subtil de peur d'être découverte par une soeur et de peur de ce qu'elle allait trouver en bas - et marcha lentement et discrètement jusqu'à la chambre d'Anastasia, puis gratta doucement à la porte.
En attendant qu'Anastasia sorte, elle porta machinalement la main à son médaillon.
C'est sûrement la chose la plus dangereuse que j'ai jamais faite ... Adrien, tu dis que j'aime le risque maintenant, mais tu te trompes, je déteste toujours autant ça. Mais je n'ai pas le choix ... il y a peut-être une vie en jeu, peut-être même plusieurs ...

[Anastasia]

Anastasia observait la porte et repensait à l'étrange pouvoir qu'elle avait découvert. J'espère ne pas avoir à m'en servir se dit-elle, mais s'il le faut... Elle mit son oreille contre la porte afin d'entendre si quelqu'un venait, puis elle examina la porte plus attentivement.
Elle se plaça ensuite à quelques pas de la porte puis pensa à son sabre et fit un mouvement d'attaque.

[Le créateur]

Le sabre se matérialisa dans la main d'Anastasia et, dans une légère note métallique, fendit l'air. Simultanément, une éraflure vint se tailler dans la porte, accompagnée d'un raclement sur le bois. Anastasia passa ses doigts sur la porte pour sentir la fente qu'elle venait de creuser. Elle entendit alors gratter derrière le bois.