Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Le créateur]

Les soeurs poursuivèrent leur discussion :

- On va donc simplement attendre qu'elle meure, mais il s'agit de ne pas la laisser sans surveillance.
- Et si elle se réveille ?
- Alors on suivra le plan, comme prévu. Dans une semaine, elle aura une nouvelle incarnation et on aura plusieurs années pour comprendre la raison de ce... problème.

La messe finît par se terminer et le groupe des pensionnaires attendait que la cathédrale soit vidée pour s'en aller à leur tour. Maria-Karla put voir trois soeurs porter Anastasia sur un brancard. La procession se reconstitua et prit le chemin du couvent. Pendant le trajet, plusieurs murmures circulaient sur la raison du malaise d'Anastasia.

Après quelques chandelles, les portes du couvent s'ouvrirent pour laisser entrer les jeunes filles qui traversaient sans le savoir le voile bleuté couvrant le bâtiment comme une cloche à fromage. A peine arrivées, soeur Maria-Alma vint discuter avec Maria-Karla :

- Je suis désolé pour Anastasia, nous ne savons pas ce qu'elle a, mais... Il y a des chances pour qu'elle reste dans cet état plusieurs jours. Je vous demanderais de bien vouloir vous occuper d'elle et de vérifier qu'elle ne manque de rien. Dans l'éventualité où elle se réveillerait, venez aussitôt m'en parler.

L'heure du repas allait approcher et Maria-Karla disposait de quelques minutes pour elle.

[Anastasia]

Les paroles des soeurs glacèrent le sang d'Anastasia: elles vont attendre que je meure ? Pourquoi pensent-elles que je vais mourir ? Et je vais m'incarner ? Dans une semaine ? Anastasia décida de continuer à ne pas bouger. Il fallait qu'elle parle à Maria Karla... Elle sentit qu'on la trimballait sur un brancard et que la procession rentrait au couvent...

[Maria-Karla]

Maria-Karla suivit avec inquiétude la procession qui rentrait au couvent. Une fois rentrée, elle entendit soeur Maria-Alma et son angoisse ne fit que grandir.
Elle n'avait que peu de temps avant le repas ... Sans se soucier des règles édictées par les religieuses, elle partit en courant vers l'endroit où elles avaient amené Anastasia.
"Anastasia ... Je croyais que dans la cathédrale, hors du couvent, nous serions en sécurité, et je me suis trompée ... Je n'aurais jamais dû te laisser seule ..."

[Anastasia]

Dès qu'Anastasia vit qu'elle était seule avec Maria Karla, elle ouvrit un oeil et posa le doigt sur la bouche afin de faire comprendre à son amie de ne pas faire de bruit
- Je ne suis pas malade, j'ai simulé pour t'éviter de te faire prendre, j'ai peut être fait une bêtise, mais j'ai entendu les soeurs qui disaient que j'allais mourrir d'ici une semaine. Elle ont aussi dit que j'allais m'incarner à nouveau et qu'elles auraient alors plusieurs années pour comprendre ce qu'il se passait. Elles sont dit que je risquait de rester ainsi plusieurs jours. Je ne suis pas sure qu'il soit prudent de leur dire que je suis revenue à moi. Je ne comprends pas ce qu'il se passe mais une chose est sure: on est vraiment en danger.

[Maria-Karla]

Maria-Karla ne comprit rien au discours de sa camarade.
"Qu'est-ce que tu racontes ? Si tu n'es pas malade, comment peux-tu mourir dans une semaine ? Et ... t'incarner ?..."
Elle entendit quelque part au-dehors le bruit du cortège des élèves qui se dirigeaient vers le réfectoire.
"Je ne peux pas rester, le repas va commencer et on risque de remarquer mon absence ... Je reviens dès que les sœurs nous laisseront sortir de table."
Elle sourit pour rassurer Anastasia.
"N'aie pas peur, je ne crois pas que tu puisses mourir dans une semaine. Les sœurs ne prendront pas le risque de tuer une de leurs riches pensionnaires ..."

[kadnax]

Anastasia regarda partir son amie sans pour autant être rassurée. Elle se demandait ce qu'elle devait réellement faire: continuer à simuler ou bien attendre encore un peu.

[Le créateur]

Le repas se déroula très sereinement, comparé à la cérémonie du matin même. La mère supérieure pris cependant la parole pour confirmer la maladie d'Anastasia et demander que personne ne l'approche jusqu'à nouvel ordre, de peur que son état ne soit contagieux.

A la fin du repas, les filles du groupe vinrent se regrouper autour de Maria-Karla, Martina et Frauke y compris.

- alors ? Qu'est-ce qu'elle a Anastasia ? demanda Sophia.
- Tu as pu la voir ? ajouta Eva.
- On est sûre qu'elle n'était pas déjà contagieuse hier ? ponctua Frauke.

Pendant ce temps, dans sa chambre, Anastasia fixait la porte quand elle remarqua qu'elle était très légèrement couverte d'un film bleuté typique de la présence d'un sort. Alors qu'elle notait ce détail, elle vit la poignée s'abaisser, signe que quelqu'un n'allait pas tarder à entrer.

[Anastasia]

Anastasia s'immobilisa et fit en sorte de donner l'impresson qu'elle doramit. Elle essaya de se détendre du mieux possible. Elle était pourtant extrêmement tendue.

[Maria-Karla]

Maria-Karla mangea peu. Elle ne se faisait pas vraiment de souci pour Anastasia, puisque celle-ci avait dit elle-même qu'elle n'était pas malade ... mais les paroles des sœurs qu'Anastasia lui avait rapportées, et l'angoisse de sa camarade, commençaient à l'atteindre. A la fin du repas, elle pensa garder les restes de son assiette, à laquelle elle avait peu touché, pour la porter à Anastasia, mais ses autres camarades vinrent la voir à ce moment. Impossible d'emporter quoi que ce soit sans qu'elles le remarquent.
"Je l'ai vue rapidement. Je ne sais pas ce qu'elle a, tout comme vous, je n'ai pu que la voir s'évanouir dans l'église ..."
Elle ne voulut faire aucune allusion à une éventuelle contagion, d'abord parce qu'elle était à peu près sûre que ce n'était pas le cas, ensuite pour ne pas relever la remarque stupide - comme d'habitude - de Frauke.
La seule chose qui pourrait être contagieuse ici, c'est ta bêtise ...
Jusqu'à ce qu'elle se dise que Frauke lui donnait elle-même un moyen de se débarrasser d'elle.
"Si les sœurs craignent que ce soit contagieux, c'est peut-être que ça l'est ... Et puisque c'est moi qui étais à côté d'elle aujourd'hui, tu devrais peut-être t'éloigner de moi si tu crains la contagion à ce point ..."
Et très loin si possible !

[Le créateur]

(HRP : la bétise contagieuse, hahaha j'ai bien aimé !)

Frauke prît un air hautain aux paroles de Maria-Karla et répondit, comme si elle avait déjà répété plusieurs fois la scène dans sa tête ces derniers temps :
- Ne dis pas n'importe quoi, on a toutes été en contact avec elle, rien qu'avec le repas qu'on a préparé hier ensemble, on est toutes concernées par cette contagion. Mais je te rassure, je vais effectivement m'éloigner de toi, et de toute ta sympathie...

Après quoi elle tourna le dos au groupe et partit en direction des chambres. Martina, de son côté, hésita une seconde puis pressa le pas pour rattraper son amie.

Alexandra envoya un message un peu codé avant de partir elle aussi :
- J'espère qu'elle ne l'a pas attrapé dans une des pièces du couvent, s'il y a des miasmes qui trainent dans cette terre, il faudra que l'on soit très prudentes.

Maria-Karla se retrouva alors seule avec Eva et Sophia. Toutes deux semblaient en attente de quelque chose, d'une phrase de leur camarade.

Pendant ce temps, dans la chambre d'Anastasia, deux sœurs entrèrent. A leur voix, elle put reconnaître deux des trois sœurs qui s'étaient "occupées" d'elle un peu plus tôt en ville.
- Elle est toujours inconsciente. On n'a qu'à le laisser là, si elle se réveille, elle se doutera qu'il s'agit de son médicament.
- Et si elle refuse d'en prendre ?
- On reviendra vérifier ça demain. Mais selon, elle sera déjà ailleurs à ce moment là.
Les sœurs firent un tour de la pièces puis repartirent dans le couloir avant de bien fermer la porte derrière elles.

[Anastasia]

Anastasia écouta ce que disaient les soeurs sans bouger.
- Surtout ne pas boire leur "médicament" se dit-elle.
Mais ce qui l'inquiétait le plus était le fait qu'il était envisagé qu'elle soit ailleurs dès demain. Et où donc allait-on la transporter ? Et pourquoi faire ?
Elle sentit qu'elle devrait agir dès cette nuit; Aller trouver maria-Karla et essayer d'élucider tous ces mystères avant de s'enfuir; Elle était certaine à présent que l'endroit était malsain, maléfique et que si elle restait, celà finirait mal pour elle ou pour d'autres.
Elle tendait l'oreille afin de déceler le moindre bruit.

[Maria-Karla]

"Merci beaucoup, Frauke, fit Maria-Karla une fois que cette dernière se fut éloignée. Je n'en attendais pas moins de ta part ... et en fait, ce n'est pas trop tôt" ajouta-t-elle encore plus bas.
Si seulement tu pouvais tenir parole. Quant à ma sympathie, si être sympathique pour toi signifie être à ta botte comme Martina, je suis bien contente que tu ne me trouves pas sympathique, vraiment !
Elle eut cependant un peu de mal à comprendre les paroles d'Alexandra, et fut même un peu vexée de son attitude. Que Frauke et Martina profitent de toutes les occasions, y compris d'une maladie d'Anastasia, pour être désagréables, c'était au fond dans l'ordre des choses. Mais Alexandra, dont elle connaissait pourtant le masque de froideur et même vaguement la raison pour laquelle elle le portait, pourrait au moins faire preuve d'un peu de compassion pour Anastasia, surtout vu comme le malaise de cette dernière avait été spectaculaire.
Une fois tout le monde parti, Maria-Karla resta seule avec Eva et Sophia et sentit sur elle leurs regards interrogateurs, ce qui acheva de la mettre mal à l'aise.
Qu'est-ce que vous attendez exactement ? Que j'en dise plus ? Mais même si je le voulais, je ne pourrais pas ... Il se passe tellement de choses bizarres ici, tellement de choses que je ne comprends pas, que j'ai parfois l'impression d'en savoir moins que toutes celles qui, comme vous, considèrent la situation comme normale ... Et certaines personnes ne font visiblement rien pour m'aider !
Elle ne leur dit rien et préféra retourner vers la chambre où les soeurs avaient mis Anastasia. Elle ne voyait vraiment pas quoi faire d'autre en ce moment. Après tout, soeur Maria-Alma lui avait demandé de veiller sur sa camarade, et elle allait le faire, mieux, sans doute, que les soeurs qui semblaient la menacer de mourir et de se réincarner ...

[Anastasia]

Anastasia espérait voir son amie arriver. Elle entendit des pas dans le couloir et espérait que c'était elle.

[Le créateur]

Aucune des deux filles ne suivit Maria-Karla. La tournure de la discussion semblait avoir jeté un froid dans le groupe et chacune devait profondément ressentir l'envie de ne pas se retrouver avec les autres.

Maria-Karla arriva sans être interrompu au niveau de la chambre d'Anastasia. Cette dernière, en voyant entrer sa camarade put se détendre et reprendre un comportement plus naturel.

[Anastasia]

Anastasia fut ravie de voir entrer sa camarade.
- Il nous faut un plan lui dit-elle, il faut savoir ce qui se trame en bas puis nous enfuir d'ici cette nuit si possible;