Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Maria-Karla]

Maria-Karla s'éclaircit la gorge et essaya de résumer au mieux les événements de la nuit.
"De l'autre côté de la cascade, le couloir que tu nous a montré continue ... Et il donne assez rapidement sur une ... comment dire ? Une sorte de sanctuaire, un lieu pour un culte lié aux sortilèges que tu as pu voir. Au centre de cette "autre église", il y a une espèce de colonne de lumière. Je ne sais pas exactement ce qu'il y a dedans, Anastasia l'a approchée de plus près et elle pourra peut-être en dire plus ... Par contre, je crois bien que cette colonne se trouve juste au-dessus de la statue de la Vierge Marie dans la chapelle du couvent, et que les prières étranges que les sœurs nous font dire dans cette chapelle ont pour but de transmettre à la colonne quelque chose que j'ai du mal à nommer ... Notre énergie ... peut-être même une partie de notre âme ..."
Évoquer à nouveau ces événements et les révélations de la nuit dernière la fit subitement frissonner, et elle marqua une pause dans son discours.
C'est sûr qu'à côté de ça, les états d'âme de Frauke ont autant d'importance que notre première paire de bas ...

[Anastasia]

Il vaut mieux éviter de s'approcher de la colonne, ce que j'ai ressenti en la touchant était extraordinaire, mais je n'étais plus tout à fait maître de ma perception et ma volonté était amoindrie : c'était merveilleux mais surement dangereux car sans Maria Karla je n'aurais pas pu en sortir.
Elle marqua un temps d'arrêt pour se rappeler les sensations qu'elles avait ressenties à ce moment là.
Puis elle ajouta:
- Tout à l'heure, dans la cave, j'ai découvert une autre alcôve qui permet surement de communiquer avec celles du dessous.

[Maria-Karla]

"Oui, les alcôves ... Il y en avait sur les murs de l'autre église, à peu près six, je crois ... On dirait que ce sont des passages, car au moment où nous examinions la colonne, l'une des alcôves s'est illuminée et une sœur est arrivée, alors qu'il n'y avait pas de porte. Nous n'avons pas vu qui c'était, et heureusement pour nous, je crois qu'elle non plus n'a pas eu le temps de nous voir. Nous nous sommes enfuies, c'est à ce moment que nous sommes revenues vers toi."
Maria-Karla se tourna vers Anastasia.
"Alors l'une de ces alcôves donne sur la cave ?"

[Anastasia]

- Oui c'est ça, il se peut qu'il y ait d'autres alcôves ailleur. Mais je ne sais pas si elles sont toutes dans le couvent.

[Le créateur]

Alexandra écouta toutes les explications sans exprimer la moindre émotion, le contraire ayant été étonnant.

- Donc, si j'ai bien compris, les soeurs se servent de ce couvent pour cacher des activités profanes. D'accord, mais pourquoi vous pouvez entrer et pas moi ? A qui profite le crime ? Et cette colonne, si elle absorbe les âmes, pourquoi est-ce que toutes les pensionnaires ne sont pas devenues des fantômes ou des corps pourrissants ?

[Maria-Karla]

Maria-Karla secoua la tête.
"Nous ne savons pas encore tout. Il semblerait que les sorts se dissipent en ta présence, mais nous ignorons pourquoi, tout comme nous ignorons quel but les sœurs poursuivent avec tout cela ... Et pour le reste, j'ai pu lire le livre dans l'autre église, il affirme que lorsqu'on dépense une partie de son âme pour un sort ou pour ces prières, elle se reconstitue plus ou moins rapidement. Peut-être que les sœurs font en sorte que les âmes aient le temps de se reconstituer entre deux prières ..."

[Le créateur]

- il vaut mieux en effet, sinon, nous risquons toutes de mal finir. Si vous avez trouvez un autre chemin, peut-être que je pourrai vous accompagner la prochaine fois... enfin, si je ne vous gène pas bien sûr.

Dans ces derniers mots, il était possible de ressentir une petite tonalité de déception. Apparemment, Alexandra se sentait un "handicapée", elle, qui avait l'habitude de pouvoir s'infiltrer partout, se retrouvait pour la première fois bloquée.

- et la personne qui aurait pu vous voir, vous êtes sûres que c'est une sœur ?

[Maria-Karla]

"Pourquoi dis-tu que tu nous gênes ? Au contraire, sans toi nous n'aurions jamais trouvé cette porte."
Maria-Karla sourit pour rassurer Alexandra, tout en se demandant si trop de compassion ne risquait pas plutôt de vexer sa camarade, habituée à présenter une apparence forte et froide.
"Si ce n'était pas une sœur qui nous a poursuivies, c'était du moins quelqu'un qui portait les mêmes habits que les sœurs. J'ai du mal à croire que des fausses religieuses puissent rôder dans le couvent ... mais après ce que nous avons vu dans l'autre église, je ne sais pas si quelque chose doit encore m'étonner ..."

[Anastasia]

Anastasia sourit à Alexandra pour la rassurer.
- Je ne pense pas non plus qu'il y ait de fausses soeurs dans le couvent, même si on sait qu'il existe des passages secrets.
Peut être qu'un utilisant le passage de la cave, on pourrait se rendre à nouveau dans le crypte afin d'examiner l'endroit de plus près. Et tu pourrais peut être nous accompagner en passant par là.

[Le créateur]

- C'est juste que j'ai vraiment eu l'impression d'être de trop la dernière fois quand cette cascade m'est tombée dessus. Si je vous accompagne et qu'il arrive quelque chose du genre, ça risque de devenir assez... éprouvant.

Alexandra laissa passer une petite pause puis enchaîna.

- Bon, j'ai quelques petites choses à régler avant les ateliers de cet après-midi, je vais vous laisser.

Après quoi, elle se dirigea vers la porte de la chambre pour sortir dans le couloir.

[Maria-Karla]

"Euh ... oui, à tout à l'heure."
Maria-Karla laissa partir Alexandra tout en se demandant de quel genre de "petites choses" il s'agissait. Alexandra leur cachait-elle quelque chose ? Mais il était difficile de le lui reprocher alors qu'elle-même cachait quelque chose ...
Mais est-ce qu'on peut vraiment appeler ça cacher ? C'est juste que ça ne regarde que moi ... Et que pour l'instant, je n'ai pas envie de partager un tel secret ...

[Anastasia]

- J'aimerais qu'elle puisse venir aussi la prochaine fois, on pourrait peut être passer par la cave cette fois-ci pour vérifier que le chemin mène bien "en bas".
Elle se tourna vers sa camarade:
- Tu as envie de remettre ça quand ? Je préfèrerais éviter ce soir, ça pourrait être dangereux. Et si ça se trouve, il risque d'y avoir une surveillance acrue cette nuit après ce qu'il s'est passé hier soir.
Elle hésita à ajouter quelque chose mais préféra changer de sujet:
En tout cas, on a réussi: le plat était parfait. On est les meilleure !

[Maria-Karla]

"Oui, mieux vaut éviter ce soir. Surtout que demain, il faudra être en forme si nous voulons tromper la vigilance des sœurs et poster la lettre de Maria-Theresa ..." Et elle désigna du doigt la poitrine d'Anastasia pour lui rappeler ce qu'elle transportait et ce qu'on leur avait demandé.
Quand Anastasia parla du repas, Maria-Karla hocha la tête mais ne put s'empêcher de penser à la remarque stupide de Frauke. Il fallait le reconnaître, cette fille avait un don : celui de gâcher tout ce dont elle s'approchait.

[Le créateur]

L'heure des ateliers arriva rapidement et l'après-midi passa encore plus vite. Entre les déclinaisons latines et les nièmes rappels sur la famille impériale et son importance dans l'Europe. Seul le retard d'Alexandra, qui d'ailleurs semblait être dû à trop de coquetterie puisqu'elle fit son entrée dans une robe différente de celle du matin, vient briser la monotonie des activités que la soeur s'évertuait à essayer de rendre les plus dynamiques possibles.

Le repas et la prière du soir ne différèrent pas non plus des habitudes, surtout que la nourriture, bien que pas mauvaise, souffrait de la comparaison avec le gratin de légume du déjeuner.

Dans les ténèbres qui s'étaient abattues sur le couvent, les pensionnaires finirent par souffler leurs bougies, mettant un terme à une journée qui, enchaînée à la nuit précédente, s'était révélée assez épuisante. Alors que les petites flammes se voyaient contraintes d'abréger leur danse monotone, le sommeil vint immédiatement revendiquer ses droits et emporter les pensionnaires dans un univers imaginaire.

(HRP : Anastasia, petite suite dans ta section, pas vitale pour la suite de la journée, mais à lire quand même )

Dans les couloirs, des bruits de pas se faisaient déjà ressentir. L'effervescence des dimanche était incomparable. Toutes les pensionnaires semblaient apprécier ce petit défiler, opportunité unique de pouvoir se parer de ses meilleurs atours en toute légalité. Maria-Karla et Anastasia ouvrèrent les paupières, revigorées par la nuit qui venait de passer comme une pensée aussi subite qu'éphémère.

[Anastasia]

- Quel rêve étrange pensa Anastasia en se levant.
Immédiatement, elle pensa à la lettre.
- C'est aujourd'hui qu'il faut réussir la "mission" que la princesse nous a demandé.
Elle se leva et se mit à chercher sa plus jolie robe.