Episode 1 : Les savoirs interdits

[Sophia]

Étrange... Sophia regardait la cérémonie en pensant à toutes les choses que son père avait pu lui montrer. Elle connaissait tellement de cultures... mais cela semblait purement européen. Elle entendit Maria-Karla parler d'un passage biblique.

-Celui qui parle du dragon, du serpent ancien et de Satan...

Elle n'avait que soufflé ces mots, elle n'avait même pas été capable de l'entendre à cause de son ouïe défaillante. Elle s'approcha un peu d'Anastasia et Maria-Karla.

[Le créateur]

Le temps arrivera bientôt à son terme et le petit-déjeuner va commencer. Quelques soeurs sont encore dans la chapelle à prier. Les dernières pensionnaires en revanche sont déjà parties.

[Maria-Karla]

Maria-Karla regarda autour d'elle la chapelle presque vide. Avant de chercher à comprendre quel était le sens de ces prières, il fallait se rendre là où elles devaient se rendre pour éviter les réprimandes de la mère supérieure.
"Où allons-nous maintenant ?"

[Le créateur]

Le petit temps libre avant le petit déjeuner est rapidement terminé et les pensionnaires passent au réfectoire pour prendre le repas.

Ce dernier, après de brèves grâces qui sont cette fois en latin, se rapprochant d'un classique "bénissez ce repas seigneur", se déroule, excepté le bruit des couverts, dans le silence le plus complet.

L'équipe chargée de débarrasser se met à l'oeuvre et le reste des pensionnaires sort dans la cour où, bien que la fraicheur règne toujours, le soleil s'est levé. Pas de nuage apparemment pour obscurcir le ciel aujourd'hui.

Vous avez droit à une demi-heure de temps, et remarquez par la même occasion qu'Eva n'était pas à table.

[Maria-Karla]

Maria-Karla récita les grâces en latin avant de prendre son petit déjeuner. Enfin des prières compréhensibles, c'était déjà mieux que ce charabia qu'on utilisait à la chapelle. Mais cela posait, au fond, une énigme supplémentaire : les soeurs connaissaient donc le latin, alors pourquoi employer un autre langage pendant les prières de la chapelle ?
Après le petit déjeuner, elle sortit, et remarqua soudain l'absence d'Eva.
Hum ?... Où est-elle ? Je l'ai vue à la chapelle tout à l'heure, et ensuite ... je n'arrive pas à me souvenir ...
"Où est Eva ? demanda-t-elle à ses camarades. L'avez-vous vue ?"
Si personne ne répondait ou ne savait, elle pensait aller voir à la chambre d'Eva. Peut-être qu'elle s'était simplement retirée dans sa chambre pour se reposer un peu avant leurs premières leçons.

[Le créateur]

Quand Maria-Karla arrive devant la chambre, il n'y a personne dans le couloir. La porte est fermée, mais bien sûr pas à clé puisqu'il n'y a pas de verrou. Il n'y a pas vraiment de bruit derrière la porte.

[Maria-Karla]

(HRP : J'ai l'impression qu'il n'y a pas qu'Eva qui a disparu ici ... )
En arrivant dans le couloir, Maria-Karla ne put s'empêcher de frissonner. Ces couloirs sombres, massifs et déserts, qui contrastaient terriblement avec la maison riante de sa tante, l'indisposaient.
Elle écouta à la porte d'Eva, puis, n'entendant pas de bruit, elle frappa doucement deux coups.
"Eva ?... Tu es là ?..."
En même temps, elle se retourna et chercha du regard la porte d'Alexandra, en se demandant si elle n'était pas restée dans sa chambre elle aussi. Elle chercha aussi la fameuse porte fermée dont Anastasia lui avait parlé au lever.

[Le créateur]

De l'autre côté de la porte, Maria-Karla n'entend rien. Elle se retourne et cherche la porte dont Alexandra parlait.
La porte fermée est en face de la chambre d'Eva, à côté de celle d'Alexandra et à la limite des chambres inoccupées du reste de l'étage.

Alors qu'elle est dos à la porte de la chambre d'Eva, elle peut entendre cette dernière s'ouvrir (HRP : la porte, pas Eva) ainsi qu'un murmure :
- Oui... C'est toi Maria-Karla...

Le visage d'Eva semble pâle et sa voix est fatiguée.

[Maria-Karla]

Après avoir observé les chambres environnantes, Maria-Karla se retourna. D'une certaine manière, elle était surprise. Après s'être monté la tête avec ces histoires de porte fermée et de prisonnier, elle s'était presque dit qu'Eva avait réellement disparu. Au final, elle fut soulagée de constater qu'elle était tout simplement dans sa chambre.
Mais quand elle vit son visage, son soulagement disparut. Eva avait l'air pâle et fatiguée, comme si elle était malade. Ce qui expliquait sans doute qu'elle soit remontée se coucher après les prières du matin.
"Eva, tu ne te sens pas bien ?... Tu as l'air malade ... Veux-tu que j'aille chercher une soeur infirmière ?"
Du moins, j'espère qu'il y en a une ... et la question est aussi de savoir où je pourrai la trouver ...

[Le créateur]

- J'ai juste mal à la tête...

Répond Eva de sa voix faible.

- ça va passer... je pense... Est-ce que tu pourras m'excuser... auprès des soeurs... s'il te plait ?...

[Maria-Karla]

"Euh ... oui, bien sûr. Je crois que personne n'a remarqué ton absence pour l'instant, on remarque toujours moins les nouvelles ... Je leur dirai au début des cours si tu ne descends pas d'ici là."
Maria-Karla réfléchit quelques instants.
"Mais si tu as mal à la tête ... Attends."
Elle se dirigea vers sa propre chambre, ouvrit son coffre et en tira une bouteille marquée "décoction d'écorces de saule". Puis elle revint vers Eva.
"C'est un médicament que ma tante m'a donné. Prends-en une gorgée ou un petit verre, ça devrait calmer ton mal de tête. Tu n'auras qu'à le remettre dans mon coffre quand tu n'en auras plus besoin."
Elle se prépara à refermer la porte pour qu'Eva soit au calme.
"Repose-toi bien. J'espère que ça te passera vite. J'essaierai de revenir tout à l'heure après la première leçon."
Après avoir refermé la porte d'Eva, elle décida de s'intéresser un peu à la porte fermée, par exemple vérifier qu'elle était bien fermée, ou écouter si elle entendait elle aussi des pleurs. Anastasia semblait dire que cela n'arrivait que la nuit, mais ... ça ne coûtait rien d'essayer.

[Le créateur]

Eva sourit en recevant le flacon de Maria-Karla.

- Merci... Je vais essayer...

Elle retourne se coucher dans sa chambre.

La porte fermée est effectivement bien fermée, la poignée tourne, mais ça ne libère pas la porte. En tirant ou poussant, elle ne bouge pas non plus, comme s'il n'y avait aucun jeu dans le verrou, ce qui est rare pour une porte de l'époque.

Il n'y a pas de bruit derrière la porte. (HRP : attention, c'est Alexandra qui a entendu les pleurs, Anastasia est au courant mais ne les a jamais entendus elle-même)

[Maria-Karla]

(HRP : Je sais, mais pour l'instant il n'y a qu'Anastasia qui a parlé de cette porte à Maria-Karla, donc c'est à elle que Maria-Karla se "réfère".)
Maria-Karla resta un moment dubitative.
Bizarre ... La poignée fonctionne, mais la porte ne bouge pas ... comme si elle était barricadée de l'intérieur. Qui peut bien se barricader ainsi dans sa chambre de jour comme de nuit ? Sans que les soeurs y voient d'objection, en plus ...
Elle s'approcha de la porte et murmura doucement :
"Il y a quelqu'un ?... Est-ce que vous m'entendez ?"
Cette porte fermée l'intriguait, mais elle se demanda si elle avait beaucoup de temps à y consacrer. Elle n'était pas habituée à l'emploi du temps du couvent, et il était peut-être temps pour elle d'aller en classe. Si son appel restait sans réponse, elle n'aurait plus qu'à redescendre et rejoindre ses camarades pour les premières leçons.

[Le créateur]

Il n'y a aucune réponse de l'autre côté de la porte. Le silence qui y règne est malsain et Maria-Karla sent un frisson lui parcourir l'échine.

Il n'y a personne dans ce couloir et ce qui est sûr, c'est que si l'heure du premier atelier arrive, Maria-Karla n'aura pas de repère ici pour s'en rendre compte. Elle estime que ça fait environ un quart d'heure que le repas est terminé.

[Maria-Karla]

Brrr ... qu'est-ce que c'est sinistre dans ce couloir ... Et il n'y a vraiment personne à part moi et Eva ... et peut-être quelqu'un dans cette chambre ... comment je vais savoir quand les leçons débutent ?
Maria-Karla se pencha à nouveau vers la porte et dit doucement au mystérieux occupant de la chambre :
"Ecoutez ... je dois partir pour le moment, mais je reviendrai. Si vous avez besoin de parler, je serai là tout à l'heure, quand les leçons seront terminées ..."
Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle se demandait s'il y avait bien quelqu'un pour l'entendre de l'autre côté de la porte.
Heureusement qu'il n'y a personne dans le couloir, finalement, j'aurais l'air maligne si on me voyait parler comme ça à une chambre vide ...
Mais il doit y avoir quelqu'un ... Si on a verrouillé la porte de l'intérieur, c'est que quelqu'un est resté là-dedans ... À moins qu'il soit sorti par la fenêtre ... mais nous sommes au 2ème étage, je ne vois pas comment ça pourrait être possible ...
N'ayant pas de réponse à ses questions, elle décida de redescendre et d'aller rejoindre ses camarades. Elle allait sûrement devoir aller en classe dans peu de temps.