Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Le créateur]

Frauke glousse légèrement en voyant que sa remarque n'est pas écoutée.

Dans le réfectoire, soeur Maria-Alma attend les deux jeunes filles.

"Votre dîner est prêt dans les cuisines, ne soyez pas en retard à la prière du soir pour autant."

alors qu'elle va sortir de la pièce, elle rajoute un rapide : "et merci."

Dans la cuisine, deux assiettes de soupe attendent sur la table centrale, accompagnées de deux morceaux de pain.

[Maria-Karla]

(HRP : et pourtant, le fait qu'on n'écoute pas sa remarque aurait plutôt tendance à la décevoir, la provocation, par définition, c'est fait pour provoquer une réponse, si elle n'est pas écoutée elle manque son but ... mais bon, peut-être aussi qu'elle "glousse" pour donner de l'importance à sa remarque, et donc pour rattraper le fait que nous, on ne lui en a donné aucune ...)

Maria-Karla répondit à la religieuse par un petit salut, et s'installa devant l'assiette de soupe la plus proche sans dire un mot.
Quelques minutes plus tôt seulement, manger seule au calme avec Anastasia aurait été une fête pour elle. Maintenant que sa camarade avait dévoilé son hypocrisie, cela lui paraissait un calvaire.
J'aurais presque préféré dîner avec Frauke. Elle, au moins, j'ai vu quasiment depuis le début qu'il ne faut rien en attendre de bon ...

[Anastasia]

Anastasia s'installa à la table très gênée: sa camarade semblait lui en vouloir alors qu'elle trouvait sa réaction plutôt exagérée.
Elle vérifia d'abord qu'il n'y avait personne autour d'elles puis elle se pencha vers Maria Karla:
- Je ne pense pas qu'il soit vraiment nécessaire de bouder pour ce que j'ai dit, je n'ai jamais voulu te facher. Je suis peut être maladroite dans mes propos, mais toi, tu es trop Susceptible: tu t'énerves trop vite. Si je t'ai blessée, je m'en excuse, j'en suis profondément désolée, mais tu sais que je souhaite la même chose que toi et nous devons nous entendre, et pas seulement pour mener à bien la tâche que l'on nous a confiée.

[Maria-Karla]

"Je suis peut-être susceptible, mais toi, tu sais ce que tu es ? Hypocrite."
Maria-Karla posa sa cuiller et regarda Anastasia avec des yeux encore embués de larmes.
"Je ne suis même pas sûre que tu sais pourquoi tu t'excuses ... Mais je vais te le dire : Tu me reproches d'avoir jeté un malheureux coup d'œil à ces papiers, et cinq minutes après tu veux savoir ce que j'ai vu. En gros, tu veux que Maria-Theresa te fasse confiance, pendant que moi, je passe pour celle qui fourre son nez où elle ne devrait pas ! Comment veux-tu qu'on s'entende dans ces conditions ? Vraiment, tu m'as beaucoup déçue : je pensais que tu étais sincère avec moi ..."
L'air gêné d'Anastasia la calma légèrement, et elle reprit un ton plus bas :
"Il faut savoir : soit tu penses vraiment que ce que j'ai fait est mal, auquel cas je ne vois pas pourquoi tu t'intéresserais toi aussi à ces papiers, soit tu ne le penses pas et tes reproches étaient alors plus que déplacés. J'espère au moins que tu comprends ça ..."

(HRP : Kad, je vais t'apprendre un truc sur les filles : elles ont parfois tendance à faire une montagne d'un truc qui pourrait paraître a priori insignifiant ... plus particulièrement quand elles n'ont pas elles-mêmes la conscience tout à fait tranquille ...)

[Anastasia]

Anastasia baissa les yeux quelques instants, soupira puis regarda Maria Karla:
- Tu sais, mon but n'a jamais été de te faire le moindre reproche et encore moins le moindre mal je t'apprécie vraiment et tu es la seule en qui j'ai confiance depuis qu'on m'a mise ici. Si tu comprends ça ce sera déjà beaucoup, quoi que tu puisses penser de moi par ailleurs.
Mais il y a une autre chose qui me teint à coeur, c'est de réussir la tâche que l'on nous a confiée du mieux possible: nous avons une chance extraordinaire d'approcher l'héritière de l'empire. Il ne faut pas la gâcher, et faire très attention à ce que l'on fait. Il ne faut pas y voir un calcul malicieux, je n'en suis pas capable et mes intentions sont pures. Je dis simplement que nous gagnerons peut être la confiance de Marie Thérèse avec le temps et que c'est une bien meilleure manière de savoir quels sont ses problèmes si elle en a, que de vouloir à tout prix dès le premier soir forcer son intimité sans son accord: elle est seule ici , elle n'a personne sur qui compter, c'est une ocasion à prendre. Si elle se met à nous soupçonner dès le départ, elle se sentira encore plus seule. En nous montrant serviables et attentionnés, de manière sincère bien sûr, puisqu'il n'y a pas de raisons de faire autrement, elle finira par nous acorder sa confiance. Préfèrerais-tu que nous échouiions et que l'on demande à d'autres pensionnaires de la servir ? Surtout quand on sait à qui elle pourrait avoir affaire ? Je comprends pourquoi tu as agit ainsi et je me suis retenue de faire de même je l'avoue, mais celà était vraiment trop risqué. Que penserais-tu à sa place ? Vu ton caractère, tu aurais surement déjà mis le feu au couvent. Ce qu'il y a vraiment dans ses papiers, elle nous le dira elle-même , le jour où elle aura vraiment confiance en nous et si celà est utile de nous en parler.
Ma réaction était liée au fait qu'il y a un risque de gâcher une oportunité en or de devenir les amies et confidentes d'une personne qui est non seulement très importante mais de plus adorable. Je n'ai aucun mauvais sentiments ni envers toi ni envers elle, vous êtes, avec Maria Alama et elle les seules personnes qui me donnent envie de rester ici.J e ne suis pas opportuniste, je suis juste logique... sans malices... et sincère.
Et même si on échoue, j'ai vraiment envie de rester ton amie. Je te promets que je ne te ferai plus de remarques irrefléchies à l'avenir. Je ne souhaite pas blesser une camarade aussi adorable que toi...
Je ne suis pas hypocrite, j'essaye juste d'être logique et sincère. Je ne suis pas ce que tu me reproches...
Anastasia aurait voulu ajouter autre chose mais elle sentit que ses mots s'étranglaient dans sa gorge et que ses yeux s'embuaient de larmes. Elle baissa les yeux et commença à manger.

[ps]: tu sais les filles resteront toujours un grand mystère pour les garçons , la création de ce jeu n'y est pas étranger d'ailleurs. Une sorte de "labo" pour essayer de comprendre l'incompréhensible, ... j'ai l'habitude

[Maria-Karla]

D'abord dubitative, Maria-Karla se sentit calmer au fur et à mesure que sa camarade parlait. Anastasia ne répondait pas à tous ses doutes, mais au moins avait-elle l'air sincère.
"Si tu as vraiment confiance en moi, alors fais-moi au moins confiance sur ce point : jamais il ne me serait venu à l'idée de faire quoi que ce soit qui blesse l'archiduchesse, et jamais je ne le ferai. Je n'ai fait que jeter un minuscule coup d'œil sur ces papiers, et pour tout te dire, je n'ai en fait rien vu, sinon qu'elle écrit des lettres. Je ne sais même pas ce qu'il y a dedans, ni à qui elles sont destinées, et je ne regarderai pas à nouveau si elle ne m'y invite pas."
Elle reprit son assiette et sa cuiller avant de reprendre :
"Je te jure que je ferai très attention à ne pas commettre d'impair, car moi aussi je trouve Maria-Theresa très agréable et je n'aimerais pas lui faire de mal moi non plus."
"De ton côté ... évite de me prêter des intentions que je n'ai pas. Je n'ai pas mauvais caractère comme tu sembles le penser ... c'est juste qu'au fond, je ne suis ici que depuis quelques semaines, et quoi que je fasse, cet environnement nouveau, et aussi les nouvelles responsabilités qu'on nous donne, me rendent nerveuse ..."
D'autres événements lui revinrent alors en mémoire et elle ajouta :
"Les mystères, aussi ... Alexandra voulait qu'on la rejoigne ce soir devant la porte fermée, mais je ne suis plus vraiment sûre que c'est une bonne idée d'aller y voir ..."

[Anastasia]

Anastasia releva la tête. Elle était soulagée de voir que sa camarade s'était bien calmée par rapport à elle mais elle ne souhaitait pas revenir sur le sujet.
- je pense qu'il faut au contraire y aller. Bien sûr il faudra faire très attention il ne faut pas se faire prendre, mais je pense qu'il faut que l'on y aille.

[Maria-Karla]

"C'est risqué ... D'autant plus que Maria-Theresa ne sera pas loin puisqu'elle est dans l'autre couloir. Que va-t-elle penser si elle nous voit comme ça ? Si nous y allons, il faudra vraiment nous faire plus discrètes que des souris."
Maria-Karla se mit à avaler de grandes cuillerées de soupe. Elles allaient finir par être en retard à la prière du soir, et si c'était le cas, ce serait raté pour la discrétion. Au fond, peut-être qu'Anastasia avait raison et qu'il leur fallait percer les mystères de la porte fermée. Au moins pouvait-elle être à peu près sûre qu'il n'y avait pas d'affaire d'État derrière cette porte ... contrairement, peut-être, à celle de Maria-Theresa.

[Le créateur]

Le temps passe vite pendant cette discussion et les deux filles ont à peine fini leur repas qu'il est déjà l'heure de la prière du soir. Par la fenêtre, elles peuvent apercevoir les pensionnaires qui se dirigent avec quelques bougies vers la chapelle.

[Maria-Karla]

Alors qu'elle venait de terminer sa soupe, Maria-Karla aperçut par les fenêtres les lueurs des bougies portées par les pensionnaires se rendant à la prière du soir.
"La prière du soir va commencer ... dit-elle à Anastasia. Vite, il faut se dépêcher. Si on se fait remarquer en arrivant en retard à la chapelle, on n'aura aucune chance de passer inaperçues ce soir ..."
Elle actionna la pompe de l'évier, rinça rapidement son assiette et sa cuiller et les sécha approximativement avant de les déposer dans un placard.

[Anastasia]

Anastasia se dépêcha aussi de tout ranger. Elles s'étaient déjà faites remarquées avant le dînner, il valait mieux en effet gagner du temps en évitant de trop attirer l'attention sur elles.

[Le créateur]

Maria-Karla et Anastasia sortent du réfectoire pour se mêler à la masse qui vient remplir la chapelle.
Les prières du soir passent comme à l'accoutumée, quelques mots nouveaux dont "invitée", et toujours le même "secret" qui revient régulièrement.

A la sortie, les deux filles recroisent Frauke, mais en compagnie de Martina cette fois.
"On devrait peut-être se parler du déjeuner de demain, la soupe de ce soir, c'était pas trop mal, mais il faut qu'on arrive à faire mieux que ça !" lance la première

[Maria-Karla]

En entendant les prières - que comme à son habitude elle faisait semblant de répéter - Maria-Karla eut à nouveau des frissons. Les mystères du livre et de l'étrange langage des prières, qu'elle avait un peu laissés de côté aujourd'hui, avaient décidé de revenir à la charge. Pourquoi parlait-on de "l'invitée" ? Les religieuses avaient-elles de mauvaises intentions envers Maria-Theresa ? Que cherchaient-elles à attirer sur elle avec ces prières ? Maria-Karla bouillonnait intérieurement d'en connaître assez pour savoir qu'on parlait de l'invitée ... mais pas assez pour savoir de quoi il s'agissait exactement.
Sainte-Vierge, je vous en prie, protégez l'archiduchesse Maria-Theresa, j'ai peur que certaines personnes ici ne lui veuillent pas que du bien !...
Après la prière, elle voulut parler de ses craintes à Anastasia, mais l'intervention de Frauke l'en empêcha. Ce n'était pas le moment, elles avaient autre chose à faire ...
"C'est une très bonne idée, répondit-elle. En fait, nous y avons déjà pensé tout à l'heure, c'est pour cela que nous sommes allées faire un tour à la bibliothèque avec Sophia. Nous avons emprunté la recette d'un gratin de légumes, pour en faire un demain midi, et tout comme toi, j'espère que nous arriverons à faire quelque chose de bien ..."
Maria-Karla essaya de voir discrètement si Alexandra était dans le coin et poursuivit :
"Mais est-ce qu'on ne pourrait pas en parler demain matin, plutôt ? Aujourd'hui ... il est un peu tard."

[Anastasia]

Anastasia écouta la prière avec plus d'attention que d'habitude et remarqua les mots nouveaux. Elle était certaine que sa camarade les avait relevés aussi. Mais pourquoi faire mention de la présence de Marie Thérèse de manière détournée à travers une prière ? Un message ? pour qui ? Non celà devait avoir une autre signification.
A la sortie, elle répondir à Frauke:
- Bien sûr, on se verra au déjeuner demain matin et on mettra au point notre recette, je suis sure qu'on va régaler tout le monde et que ce sera un succès. Mais comme dit Maria Karla, on est assez fatiguée ce soir et on aimerait bien aller dormir pour être capable d'exploits culinaires demain.

[Le créateur]

"Oh très bien, ben allez vous coucher, j'espère juste que demain matin ne sera pas trop tard. Bonne nuit."

Après quoi Frauke part en compagnie de Martina.
Sophia, Alexandra et Eva ne sont pas dans les environs, probablement parce qu'elles sont sorties avant de la chapelle.
Dans la cour, il n'y a rapidement plus grand monde et les lumières s'allument progressivement dans les dortoirs.