Episode 2 : La pensionnaire de trop

[Maria-Karla]

Maria-Karla regarda le bâtiment des cuisines sans voir de porte arrière, rien que ces grandes fenêtres.
"Mais comment font-elles quand elles se font livrer de la nourriture ? murmura-t-elle. Les fournisseurs sont obligés de passer par le réfectoire ? Bizarre ..."
Puis elle parla un peu plus fort pour être sûre qu'Anastasia l'entende :
"Je crois que ça va être difficile de prendre de l'eau dans la cuisine. Est-ce que tu connais un autre endroit où on pourrait trouver de l'eau et une carafe ?"

[Anastasia]

On peut récupérer de l'eau au fond de la cour près du potager, pour la carafe, je me demande si on ne pourrait pas prendre le broc qui est dans la chambre

[Le créateur]

La pompe du potager est sur le même modèle que celle de l'évier de la cuisine. Un broc ferait l'affaire à la place d'une carafe, en effet.

[Maria-Karla]

"Il y a un broc dans la chambre ? Je n'avais pas fait attention ... Bon, allons vite le chercher et le remplir à la pompe du potager, alors. L'archiduchesse va se demander ce qu'on fait ... et je dois avouer que je commence à avoir faim."

[Anastasia]

- J'ai toujours soif la nuit soit avant de dormir soit quand je me réveille, si il n'y avait pas eu de broc, j'aurais trouvé un moyen d'en avoir un de toute façon. Mais on a assez perdu de temps dépêchons-nous ! Marie Thérèse a soif et moi j'ai faim...

[Maria-Karla]

"Très bien, allons-y !"
Maria-Karla partit immédiatement à la recherche du broc. Aiguillonnée par la faim qui s'installait, et par le désir de rattraper le temps qu'elles avaient bêtement perdu, elle se laissa même aller à courir un peu sur le chemin. C'était une bonne chose que toutes les religieuses soient au réfectoire, finalement : il n'en restait plus une seule dans la cour ou dans les couloirs pour lui reprocher de courir ...

[Le créateur]

Anastasia et Maria-Karla arrivent chez Maria-Theresa qui est en train de finir sa soupe.
"ha ! parfait ! Juste à temps. Je suis désolé de vous avoir fait faire cet aller-retour."
Elle prend son verre, saisie le broc et se sert à boire. Elle avale l'eau, prouvant ainsi qu'elle avait effectivement très soif.
"Je vous remercie pour votre servir, j'espère que ça ne vous a pas trop contraintes."

[Maria-Karla]

"Non non, ne vous en faites pas. Si vous n'avez besoin de rien d'autre, nous allons redescendre manger nous aussi ..."
Maria-Karla, dévorée par la curiosité, jeta à nouveau un coup d'œil aux papiers de Maria-Theresa, au moins pour avoir une idée de ce qu'elle était en train d'écrire : s'agissait-il d'une lettre, de ses mémoires ?...

[Le créateur]

Ce qu'est en train d'écrire l'invitée ressemble à plusieurs lettres, et vu qu'elles ont toutes la même disposition, c'est soit plusieurs fois la même lettre recopiée pour avoir une version idéale, soit plusieurs exemplaire du même message qui seront envoyés à plusieurs personnes.

"Non, c'est bon, je n'ai besoin de rien d'autre. Je vous remercie. Passez une bonne soirée."

[Maria-Karla]

Maria-Karla brûlait d'envie d'en savoir plus sur les lettres que Maria-Theresa semblait écrire, mais cela ne la regardait pas ... même si maintenant qu'elle les avait aperçues, il allait être difficile de ne plus y penser. Des lettres écrites par l'archiduchesse Maria-Theresa en personne !...
Afin de ne rien laisser paraître de sa curiosité, elle sortit rapidement de la chambre, non sans avoir salué encore une fois Maria-Theresa et bredouillé un "Bonne soirée" un peu nerveux. Puis elle repartit en direction des cuisines, en espérant que sœur Maria-Alma avait bien fait le nécessaire pour qu'on leur laisse un peu de nourriture. À présent, tout le couvent devait avoir mangé sauf elles ...

[Anastasia]

Anastasia fit la réverence avant de sortir. Une fois dans le couloir elle demanda à voix basse:
- Qu'est ce qu'il t'a prit de regarder ce qu'elle écrivait ! Tu crois qu'elle ne t'a pas vue ? En tout cas moi si ! Il est nécessaire qu'elle puisse avoir confiance en nous: elle est seule ici et si on commence à faire mine de vouloir tout savoir sur elle dès le premier jour, en qui aura-t-elle confiance ? Anastasia pressait le pas, elle avait faim, mais une fois dans l'escalier elle demanda:
- Heu... finalement... qu'as-tu vu en fait dans ses papiers ?

[Maria-Karla]

Piquée au vif par la remarque d'Anastasia, Maria-Karla fit la grimace, entre la honte d'avoir été vue en train de faire quelque chose de répréhensible, et, sans doute plus encore, le fait qu'Anastasia lui reproche quelque chose que visiblement elle voulait faire elle aussi. Quel culot !
"Tu me reproches de les avoir regardés, mais tu veux le savoir ? Hé bien tu n'as qu'à regarder aussi, et on verra bien si tu seras plus discrète !"
Elle détourna ostensiblement la tête et accéléra le pas, avec l'intention évidente de distancer Anastasia. Elle avait certes fait quelque chose qu'elle n'aurait pas dû faire, mais l'hypocrisie de sa camarade venait de gravement la décevoir.

[Le créateur]

Alors que les deux filles arrivent en bas de l'escalier, elles croisent d'autres pensionnaires qui se dirigent vers les chambres. Parmi elles, Frauke qui lance un rapide : "Ben alors, on jeûne ?"

[Anastasia]

Anastasia ne s'attendait pas à ce que sa camarade prenne la mouche de cette manière. Elle regrettait amèrement avoir parlé de la sorte. Elle savait pourtant que Maria Karla pouvait être susceptible.
- Heu, non attend ! lui dit-elle en essayant de la rattraper, mais arrivées en bas des escaliers, elles croisèrent Frauke et d'autres pensionnaires et elle n'osa pas s'expliquer avec Maria Karla ni même montrer qu'il puisse y avoir un froid entre elles. Elle haussa les épaules et se dirigea avec sa camarade vers le réfectoire sans plus oser lui parler.

[Maria-Karla]

Maria-Karla entendit Frauke mais décida - difficilement - de ne pas y prêter attention. Mais deux remarques stupides en si peu de temps, ça commençait à faire beaucoup. Elle pressa donc le pas vers le réfectoire, en essayant de ne pas courir cette fois : à présent, les religieuses étaient sorties du souper et surveillaient à nouveau les élèves.