Une sombre nuit de 1906

13 janvier 1906, aux environs de minuit. L'homme que nous observons s'appelle Duncan Blackthorne, mais il ne s'agit pas encore de moi. Autrefois spolié de son héritage, il l'a récupéré non sans se mettre du sang sur les mains. Je vous passe les détails de cette histoire qui n'est pas la mienne, mais sachez seulement que c'est plus qu'assez pour passer de très mauvaises nuits. Surtout quand on est pris d'une forte fièvre qui menace à tout moment de vous faire passer l'arme à gauche.

Duncan est donc au lit, du moins son corps y est. Son âme est en train de se débattre quelque part dans les Plans subtils bénis de la Lune Noire, les mondes des cauchemars, les Anti-Terres. Bien entendu, des créatures de Lune Noire peu recommandables habitent ces Plans. Vous commencez à comprendre ?...

Eh oui, je suis là. Quelque part au milieu de mes frères. Je ne m'appelle pas encore Duncan Blackthorne, je n'ai même pas de nom, je ne suis qu'une Entité un peu plus puissante que le commun des habitants de cette Anti-Terre.

Quelque chose de brillant attire mon regard. Le Ka-Soleil des humains, même des pires d'entre eux, brille d'un éclat d'or qui le rend reconnaissable entre tous. L'éclat de celui-ci semble terni, signe qu'il est faible. Je sais que le moment est venu. Le problème, c'est que mes frères l'ont compris aussi, et c'est tous ensemble que nous nous lançons à l'assaut de cet imprudent visiteur.

Je suis plus rapide qu'eux. J'arrive le premier et j'essaie immédiatement de mêler mon essence de Ka-Lune Noire au Ka-Soleil de l'humain. Mais mes frères ne l'entendent pas de cette oreille (si du moins ils en ont) et se lancent à l'assaut. Je les repousse comme je peux, je multiplie les assauts contre le Ka-Soleil de l'humain et contre mes assaillants ... et soudain, c'est l'illumination. Je suis entré.

Autour de moi, j'entends les cris de dépit et d'effroi de mes frères. C'est fini pour eux, ils n'auront pas la force d'attendre l'arrivée d'un autre humain, ils ont tout mis dans l'attaque de celui-ci. Mais il est à moi, il est moi, et je m'empresse d'en prendre les commandes et de le ramener à son corps que j'ai hâte d'essayer.

Le matin du 14 janvier 1906, les quelques domestiques de Duncan Blackthorne ont dû se rendre compte que leur maître était un peu différent ...

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